Muramvya, 29 février 28
Mon bien cher papa,
Me voilà en route. Je suis resté quelques jours à Usumbura pour les courses, visites officielles, etc.. J’ai retrouvé pas mal de vieilles connaissances dont le Lieutenant Colonel Pieren chez qui j’ai logé et pris mes repas en dehors des autres invitations.
Le 20, je suis grimpé à Bagatelle, notre camp de base pour organiser ma caravane et prendre ce dont j’avais besoin. Le chef d’escorte avait sa femme nouvellement accouchée à l’hôpital d’Usumbura et faisait la navette, ce qui m’a retardé.
A Usumbura et à Bagatelle, ce fut des journées mal organisées et très fatigantes.
Enfin, tout était à peu près en ordre, j’avais trouvé 4 boys … aussi bêtes les uns que les autres, deux de mes anciens porteurs étaient venus me rejoindre, plus le palefrenier avec le brave Philibert en excellente santé, même gros et gras ! et avec 3 soldats, dont un qui m’a suivi pendant 2 ans déjà, je suis reparti dimanche passé.
Les premiers temps, cela ne marche pas comme on voudrait : le cuisinier sait faire du pain, du café, et pas grand chose d’autre, les autres boys à l’avenant … enfin cela ne marche pas trop mal et j’espère qu’un ou deux de mes anciens boys viendront me rejoindre sous peu.
Je suis arrivé hier au petit poste de Muramvya , à 3 étapes d’Usumbura. Il est dominé par une grosse montagne où j’ai, il y a 2 ans, construit un signal qui est toujours debout ! Je n’étais jamais passé par ce poste-ci, il est très joli, plein de fleurs et d’arbres mais il y fait humide et froid, on est environ à 2000m. La grosse curiosité du poste est le potager, vraiment splendide avec tous les légumes d’Europe et des fraises en abondance. Il y a aussi une école, et la résidence du jeune roi Mambusta de l’Urundi.
Ce jour, il a plu dès le matin et il drache encore maintenant. Je ne partirai que demain.
C’est la pleine saison des pluies ici, peu favorable à la caravane, on mange le pain noir avant l’autre.
Le major Hoier m’attend au Ruanda aux environs de Kigali-Kabgayi ; je ne le rejoindrai probablement pas avant 10 jours : d’ici je pars vers Ngosi, puis Butare, puis Nyanza, puis Kabgayi.
J’ai reçu avant-hier une lettre de Tensette ( sa sœur ), la première aux T.O. Elle dit que tous trois sont contents et en bonne santé !
Je me réjouis de recevoir une lettre de la maison. Mon cher papa – puisque, de nouveau, il faut s’y prendre à temps – je t’envoie mes vœux les plus sincères et les plus affectueux d’heureuse fête. C’est triste de devoir te la souhaiter de loin, mais je viens de passer un 2ème bon congé et de si bonnes fêtes en famille que j’aurais mauvaise grâce de me plaindre.
En attendant avec impatience de bonnes nouvelles de tous, j’embrasse tout le monde bien affectueusement, mes meilleurs baisers surtout pour toi, mon cher papa et ma chère mother.
Vive St Léon ! Vive papa !
Léon
Charles,
Je reviens sur l’abréviation T.O. largement utilisée par Léon dans ses lettres. En réponse à la question de notre cousine Danièle Petit-Haulet, tu dis que cela signifie « Territoires Occupés ». Je persiste à penser que cela voudrait plutôt dire « Territoires d’Outre-Mer ». Je me réfère pour cela à l’appellation de l’école Coloniale d’Anvers fondée en 1920, dénommée « Institut universitaire des Territoires d’Outre-Mer » et rebaptisée en 1923 « Université Coloniale de Belgique (‘Koloniale Hogeschool van België’) » puis en 1949 « Institut Universitaire des Territoires d’Outre-mer (INUTOM) (‘Universitair Instituut voor de Overzeese Gebieden’ (UNIVOG)).
Source : https://www.bestor.be/wiki/index.php/Institut_universitaire_des_Territoires_d%E2%80%99Outre-Mer
Salut, Philippe.
Je viens d’envoyer un courriel à la Revue » Mémoires du Congo » pour en savoir plus…je te tiens au courant.
Charly
Salut Philippe,
Je pense aussi que T.O. est utilisé pour « Territoires Occupés ». A moins que de n’avoir pas été assez attentif à des références précédentes, il me semble que Léon parle des T.O. pour les régions du Rwanda-Burundi, anciens territoires allemands occupés par la Belgique au lendemain de 14-18