Sans nul doute, ce sont des photos historiques ! Il y a peu de documents couvrant le retour du Roi le 22 juillet 1950. Je n’ai trouvé que 2 photos et 1 film illustrant l’événement.

La première photo est en couverture du 2ème tome de l’ouvrage de Roger Keyes intitulé «ECHEC AU ROI – Léopold III 1940-1951» :

Cette photo n’est d’ailleurs pas créditée dans cet ouvrage !
On la retrouve aussi sur une page internet du journal «Le Soir», bizarrement recoupée !!! :


La seconde photo est visible au sein de l’encart photo du livre de Keyes cité ci-dessus,
elle est aussi proposée à la vente par Getty Images… à des prix démocratiques.
A son coté, se trouve le Prince Amaury de Mérode, Grand Maréchal de la Cour.
On aperçoit Baudouin à l’arrière-plan :


Quant au film, il s’agit d’un film de l’INA (Institut national de l’audiovisuel – France) qui montre le passage en revue des troupes, le trajet vers Laeken, la foule des sympathisants et l’harangue hostile de l’ineffable Paul-Henri Spaak.

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe85003646/retour-du-roi-leopold-iii-et-manifestations


Mais, revenons à James Haulet. Il était en poste en tant que contrôleur aérien à l’aérodrome de Evere (et non Melsbroeck comme le mentionne Le Soir…) et donc aux premières loges quand, à 7h30, atterrissent les 2 DC3 «Dakota» ayant décollé de Cointrin (Suisse) à 5h15.
La veille, le Premier Ministre Jean Duvieusart, accompagné des Présidents des Deux Chambres – Frans van Cauwelaert et Paul Struye – étaient arrivés à la résidence suisse du Roi à Pregny afin de lui faire lecture du décret, voté par les deux chambres, constatant que «l’impossibilité de régner» avait pris fin.
Réunis avec le Conseil de la Couronne, ils décident alors le départ vers Bruxelles pour le lendemain à 5 heure du matin, par avion militaire. Le Roi est accompagné par ses fils Baudouin et Albert (Baudouin dans le deuxième avion), Les princesses Liliane et Joséphine-Charlotte, le prince Alexandre restent momentanément en Suisse.

De son poste dans la tour de contrôle, James Haulet prend 4 photos montrant une vue générale; il y a peu de monde, juste un minimum de détachement militaire.

Laissons la parole à Léopold III : «Nous décollâmes de Cointrin à 5 heures 15 pour atterrir à Evere à 7 heures 30 et rejoignîmes Laeken presque furtivement, dans un déploiement de mesures d’ordre excessives, mais prises sous la responsabilité et à l’initiative du gouvernement. J’avais suggéré un accueil et une escorte conformes à la dignité royale et un service d’ordre réduit et discret. Cette proposition avait été écartée». (Léopold III « Pour l’Histoire » Editions Racine 2001, page 141)

Dans son livre, Keyes écrit aussi : «Le cortège prit alors la route de Laeken (…) Au moment où les voitures royales franchirent les grilles et que le drapeau noir, jaune, rouge fut hissé au faîte du château, la foule, qui attendait, se précipita, lancant des fleurs (…) La reine-mère attendait sur les marches du perron, elle embrassa affectueusement son fils et ses deux petits-enfants. Mais on ne vit pas l’ombre de Charles, car, au terme d’une régence au cours de laquelle il n’avait été qu’une marionnette aux mains des politiciens de gauche et au lieu de présenter ses devoirs à son frère, il s’était esquivé pour disparaître définitivement de la scène politique belge».

Le Roi revient en effet dans un pays profondément divisé. Le gouvernement homogène social-chrétien est lui-même en crise. Les socialistes tirent à boulets rouges et Spaak menace d’une révolution !
C’est pourquoi un retour le 21 juillet, jour de la fête nationale, est soigneusement écarté au profit d’un retour quasi en catimini le 22.
La revue Toudi expose les faits ainsi : «Le jour fatidique, les Bruxellois sont réveillés par un bruit inhabituel de charroi. La capitale est en état de siège. Dans l’aube naissante, de partout, débouchent des camions de transport, des jeeps et des véhicules blindés. Des rues sont barrées. 5.500 gendarmes et soldats, mousqueton au pied ou mitraillette à la bretelle, s’échelonnent depuis l’aérodrome militaire d’Evere jusqu’au Palais de Laeken. Ils sont disposés tous les 30 mètres, les uns face à la chaussée, les autres lui tournant le dos et surveillant les chats qui miaulent». https://www.larevuetoudi.org/fr/story/juillet-50-de-la-question-royale-%C3%A0-la-question-belge#footnote9_6q1yk7w


Voici la page de l’album photo de James Haulet, concernant ce moment d’histoire.
Grand merci à Danièle Haulet de m’avoir confié cet album :-)


La première photo montre les quelques personnalités et les quelques soldats se dirigeant vers le pied de la passerelle.
Les moteurs du second DC3, où se trouve le prince Baudouin, tournent toujours

La troisième photo montre le Roi Leopold III à sa sortie de l’avion, en haut de la passerelle :

Sur la 4ème et dernière photo, on peut voir le Roi passer les troupes en revue.
Derrière lui, on aperçoit ses deux fils, Baudouin et Albert.


Pour en savoir plus sur la question royale, outre les deux ouvrages cités – Pour l’Histoire de Léopold III et Echec au Roi de Roger Keyes, des informations intéressantes se trouvent dans les ouvrages suivants :

  • Mémoires sur la Régence et la Question royale de André de Staercke. Ed. Racine 2003
  • Dossier du Roi Léopold II – Jacques Pirenne – Livre blanc
  • Léopold III – V. Dujardin, M. Demoulin, M. Van den Wijngaert – Ed. André Versaille 2013
  • 18 ans auprès de Léopold – Robert Capelle – Ed. Fayard 1970
  • Rapport de la Commission d’information – 1947