Kisenyi, le 4/7/28
Ma bien chère mother,
Je comptais écrire une longue longue lettre avec quelques détails sur mon « safari » de Kigali à ici et les changements de Kisenyi et environs depuis avril 1925, lors de mon premier passage.
Mais voilà que l’on m’annonce un départ de courrier et que, ce soir, je dois partir en pirogue pour l’autre côté du Lac à Kateruzi (baie de Sake) ; je remets donc la tartine à quelques jours, car je veux absolument qu’arrivent à temps mes vœux les plus sincères et les plus affectueux d’heureuse fête pour toi !
C’est toujours avec plaisir que l’on voit revenir cette date à laquelle nous avons l’occasion de t’exprimer toute notre reconnaissance et toute notre affection. Je m’unis à tous, ma chère mother, pour prier Dieu de t’accorder ses grâces et ses bénédictions et pour crier « Vive notre chère maman, vive Ste Irma ! ».
Voilà, il y aura un an qu’en « trichant » un peu, j’ai pu te souhaiter la fête de vive voix. Cette fois, je devrai me contenter de passer la journée en pensée au milieu de vous. Mes vœux n’en sont pas moins sincères et j’aurai plaisir, ce jour-là, à me rappeler les bons moments passés ensemble l’an dernier … avec peut-être une petite pointe de regret d’en être privé !
Tout va très bien ici, j’écrirai très prochainement, plus longuement. Le courrier de Luishia ( Katanga ) et celui d’Europe me parviendront bien en retard, car il doit faire le tour par Bukavu et Kalehe pour venir me trouver probablement avec un mois ou plus de retard !
Ma bien chère mother, je te charge de tous mes meilleurs et affectueux baisers pour mon cher papa et tous les frères et sœurs et t’embrasse bien tendrement comme je t’aime.
Encore bonne et heureuse fête !
Léon