Ce magnifique calice se trouve au département d’Art religieux et d’Art Mosan, ancien musée d’Art relifieux et d’Art Mosan intégré depuis 2009 au Grand Curtius de Liège. Le MARAM, né en 1976 d’une synergie entre la Ville de Liège et l’Evêché, a pour origine l’Institut Archéologique Liégeois, fondé en 1850.

C’est grâce à l’amabilité de Madame Christelle Schoonbroodt, conservatrice du département Art Religieux et Art Mosan, que nous avons pu disposer du calice et en faire quelques photos. Nous l’en remercions chaleureusement.

Ce calice a été offert à Auguste Ferdinand de Creeft (1840-1870) par une de ses tantes maternelles, Marie-Christinne de Creeft, dite Mimi, (1806-1876), à l’occasion de son ordination et, plus particulièrement, de sa première messe.

C’est un peu compliqué car et le père d’Auguste (Laurent-Charles de Creeft 1814-1895), et sa mère (Hortense Françoise de Creeft 1813-1868) portent le même nom de famille, puisque cousins germains par leurs pères…

C’est par une lettre d’Auguste de Creeft, toujours séminariste, adressée à sa soeur Alice de Creeft (épouse de Cyrille Magis, beau-père de Léon-Félix Haulet) que nous entendons, pour la 1ère fois, parler de ce fameux calice. Auguste l’y décrit parfaitement alors qu’il est en cours de construction à l’atelier de Jean-Joseph Dehin de Liège.

Le jeune abbé étant décédé prématurément durant son vicariat à Beeringen, le calice échoit à Charles Haulet à l’occasion de son ordination le 6 juillet 1930 puis, après son décès en 1970, à la famille Haulet. Celle-ci, par une démarche de Maurice Haulet et Henri Delrée en mai 1975, décide de le confier à la Société d’Art et d’Histoire de Liège qui a son local au Musée Diocésain rue Bonne-Fortune, 6 à Liège.
Ce dépôt est assorti d’une condition : le calice devra être remis au premier nouvel abbé de la famille.
Le conservateur, Léon Dewez, établit, le 19 mai 1975, un reçu avec le descriptif suivant :

« Un calice en vermeil et laiton doré (non en or) coulé, ciselé, gravé et orné d’émaux, exécuté par J.-J. Dehin de Liège en 1864-1865 et offert par Dame Marie de Creeft à son neveu, l’abbé Augustin (?!) de Creeft à l’occasion de son ordination sacerdotale et de sa première messe en 1865, ce que rappelle un chronogramme latin gravé sous le pied.
Le calice de style néo-gothique aux armes de la famille de Creeft (H.22 cm.; O coupe 10 cm.; O base du pied 16cm.), échu au petit-neveu de son premier propriétaire, l’abbé Charles Haulet (1907-1970), est conservé avec ses accessoires (patène et cuillère) dans un coffret en loupe polie de noyer dont l’intérieur compartimenté est garni de velours bleu. »

Le pied du calice est donc orné de figures allégoriques, au nombre de cinq : du Christ en Croix, de l’immaculée Conception, de Saint-Joseph, Saint-Augustin et Saint-Charles et des armoiries de la famille de Creeft :

Au noeud central, figurent des émaux reprenant chacun une lettre du nom du Christ ainsi qu’une croix :

Enfin, gravée sur le pourtour du calice, apparait la phrase « Calicem Salutaris Accipiam Et Nomen Dominici Invocabo« . Nous nous sommes assuré le concours bienveillant de Monsieur Yves Charlier, directeur de la bibliothèque du Séminaire de Liège, afin de traduire au mieux cette sentence qui, d’après ce spécialiste, se retrouve sur bien d’autres calices : « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur » :

Quant à la patène accompagnant le calice, y figure au verso une représentation d’un agneau :

Ce calice fut commandé, pour la somme 600 francs, à l’orfèvre Jean-Joseph Dehin (1834-1893).
Etablie à Liège rue d’Agimont, 21 puis rue du Coq, 47, la Maison Dehin connut rapidement une belle renommée pour ses productions d’art religieux de style néo-gothique qui se perpétua sur quatre générations jusqu’en 1970.

Le poincon J. Dehin sur le calice

Ses cinq fils se sont distingués notamment par la réalisation du maître-autel de la Cathédrale Saint-Paul à Liège (1883) et aussi celle de la Chasse des Apôtres (1896) toujours pour la même Cathédrale. Pour l’anecdote, cette chasse fut reléguée par les suites du Concile Vatican II dans une annexe claustrale où elle prit les poussières jusqu’à ce que l’éclairé Conservateur du Trésor de la Cathédrale, Philippe Georges, lui rendit sa place et sa splendeur en 1986 !

Le Curtius de Liège détient une importante collection d’objets produits par la Maison Dehin ainsi que ses archives.
On peut visualiser un très grand nombre d’oeuvres sur l’adresse http://balat.kikirpa.be.


Hop, on change de registre 🙂

Pour nous délasser des recherches harassantes et compliquées sur la généalogie, il nous arrive, Charles et moi, de nous lâcher…

Devons-nous préciser que toute ressemblance avec des scènes familiales contemporaines n’est évidemment pas fortuite !

Charles et Philippe Haulet


6 thoughts on “L’affaire du calice

  1. Haulet Dominique dit :

    Extraordinaires documents : intérêt majeur, superbe montage photographique, belle explication!
    Question: à qui donc le tour pour réceptionner ce chef-d’oeuvre ?
    En tout cas, je suis motivé pour visiter le musée…

    1. Charles Haulet dit :

      Salut, Dominique!
      Oui, ton frère a réalisé un beau reportage de notre visite au Musée.
      Notre cousin, Jean-Pierre Delrée, nous a écrit pour nous dire qu’il allait parler du calice à ses petits-fils…peut-être a-t-il perçu, chez l’un d’entre eux, un appel vers la prêtrise?
      On pourrait prévoir une visite du musée Curtius lors d’une prochaine réunion de famille mais sache que le calice n’est pas exposé mais se trouve dans les réserves car il y a des pièces bien plus importantes que « notre » calice familial!!!

  2. Michel Haulet dit :

    Travail de recherche fouillé et présentation exceptionnelle !!
    Félicitations

  3. Mickey dit :

    Super travail de « Pro », encore Bravo !

  4. Delrée Jean-Pierre dit :

    Présentation exceptionnelle. Photos splendides. Très intéressant, je vais en parler à mes petits-fils!!!

  5. Delrée Vincent dit :

    Magnifique travail, bravo.

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