D’après les divers actes de naissance, mariage et décès, il apparaît que quelques-uns de nos ancêtres les plus lointains ont oeuvré dans le travail de la laine, dont Limbourg était, à l’époque, un site réputé, bénéficiant des qualités exceptionnelles de l’eau de la Vesdre.

Si aucune donnée, jusqu’à présent, ne laisse apparaître le moindre renseignement sur le métier de Henri Haulet (marié en 1744 avec Anne Mouton), il apparaît que son fils Augustin Joseph Haulet I (1745-1819) était «tisserand de draps» et «fabricant de métiers».

Le fils de celui-ci, Henry Joseph II Haulet (1767-1808) est quant à lui renseigné comme «fabricant de métiers à drap».

Trois de ses enfants, Augustin Joseph II Haulet (1801-1871), Elisabeth Josèphe Haulet (1805-????) et Henri Joseph II Haulet (1806-1854) sont respectivement « fileur de laine à la mécanique», «énoueuse»et enfin «fabricant de métiers à drap».

On peut aussi constater que, parmi les témoins, parrains et marraines cités à l’occasion des naissances, mariages et décès, nombreux sont actifs dans le travail de la laine. Par exemple, le mari de Elisabeth Josèphe Haulet, Pierre Decharneux, est cité comme «fileur à la mécanique».

Il semble alors que les générations suivantes aient suivi d’autres voies et cela correspond avec les changements dus à la mécanisation et le déclin consécutif de l’industrie lainière à Limbourg au profit de Verviers; nous en reparlerons plus loin.
Ainsi, le fils de Augustin Joseph II Haulet, Augustin Joseph III Haulet (1834-1906) est devenu «teneur de livres» ou «comptable».
Ceux de Henri Joseph II Haulet (étant lui-même passé du métier de maître fileur à la mécanique à celui de machiniste au chemin de fer), Constantin Haulet (1831-1909) et Henri Joseph III Haulet (1834-1887) ont, tous les deux, choisi d’être : «magasinier au chemin de fer». Ce même Henri Joseph III est aussi mentionné comme étant «rentier» et «ancien conseiller communal de Visé».
Quant à son fils, Léon Felix Haulet (1965-1910), vous le savez tous, était «docteur en médecine-chirurgie».


• 1   DOLHAIN- LIMBOURG           ⬍

Dolhain-Limbourg, 1600 habitants, dont Limbourg est la ville ancienne, située au haut d’un rocher de 90 mètres.
Dolhain est la ville basse et moderne, devenue plus considérable et communiquant avec la ville haute par un chemin escarpé taillé dans le roc.

Ancienne capitale du duché de ce nom, que Jean Ier réunit en 1288 à son duché de Brabant, Limbourg, disent les auteurs de ´la Belgique monumentale’, ne mérite guère notre attention que par ses malheurs et sa position pittoresque sur les bords de la Vesdre.

Saccagée par les Normands en 895, par les troupes de l’empereur Henri V en 1106, incendiée par les Liégeois en 1457, pillée en 1654. et de nouveau brûlée et démantelée par les Français en 1677, assiégée en 1701 et 1702, occupée par les patriotes belges en 1790, cette ville vit encore sous ses murs, le 19 messidor an IV, Bernadotte vaincre l’armée des coalisés.

Après tant de désastres et de vicissitudes, c’est en vain que, ici, nous y chercherions quelques débris de son ancienne splendeur. Capitale déchue, elle semble aujourd’hui aller se cacher dans la vallée où elle a pris le nom presque inconnu de Dolhain, tandis qu’un de ses quartiers, conservant le nom de Limbourg, continue à occuper le rocher escarpé que la ville couronnait autrefois.

Au lieu de son antique château et de ses hautes murailles, dont il ne reste que d’insignifiants débris, Limbourg n’a plus que quelques usines et, pour remplacer sa gloire ducale, la célébrité de ses fromages.  Sa vieille église gothique de St-Georges, incendiée en 1834, et restaurée depuis, contient un élégant tabernacle gothique de 1520 et un monument d’une princesse de Bade († 1672).

Itinéraire descriptif, artistique et industriel de la Belgique par A.J. Du Pays – 1863
https://books.google.fr/books?id=TKAkEJSN0R0C&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false

Dès le douzième siècle, l’industrie du tissage était connue dans le pays, mais elle ne fit de Verviers l’une des grandes fabriques du monde qu’après la décadence industrielle des Flandres; c’est vers le milieu du dix-huitième siècle que le travail des draps émigra définitivement de la Belgique occidentale à la Belgique orientale: l’organisation par corps de métiers, qui jadis avait fait la force politique des Flandres, avait fini par les appauvrir, par y empêcher tout progrès, tout renouvellement, en enfermant les ouvriers dans un cercle infranchissable de pratiques routinières.

Les produits de l’industrie verviétoise sont les draps, les flanelles, les casimirs, les articles de fantaisie, et les filés de laine, dont la plus grande partie est exportée en Angleterre. Les étoffes employées pour l’armée, et dites « draps militaires », s’expédient surtout en Italie et en Orient. Les laines peignées sont pour la plupart introduites à Verviers du nord de la France.

Depuis 1872, le mouvement des affaires a diminué de moitié dans le district de la Vesdre.


« Nouvelle géographie universelle Tome IV l’Europe du Nord-Ouest » – Elisée Reclus 1879 page 103
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6549125g

• 2   LE TRAVAIL DE LA LAINE           ⬍

Nicole Hansenne-Peremans (1) décrit ainsi la situation fin du 17e, début du 18e dans la région :

L’industrie textile utilise une main-d’œuvre variée, tantôt indépendante, tantôt groupée en fabriques, tantôt disséminée à la campagne. On y rencontre des drapiers travaillant à leur compte qui achètent la laine, la font filer au dehors, tissent les draps avec quelques aides et apprentis et les vendent après les avoir fait fouler, tondre et achever, mais leur nombre va en diminuant pendant le XVIIIe siècle. On trouve également des marchands drapiers qui occupent des tisserands à domicile. Le nombre de ces tisserands s’accroît à Verviers dans le courant du siècle au détriment des drapiers indépendants. « La cause la plus profonde réside dans un mouvement de concentration qui, éliminant les moins aptes, a prolétarisé un grand nombre de drapiers » (2). On en trouve aussi dans le Limbourg. Quant aux fileurs et fileuses, un petit nombre seulement demeure en ville. La majorité réside à la campagne, dans le Limbourg, le Franchimont et l’Ardenne et ajoute à un revenu agricole insuffisant, celui d’un travail industriel. Ils dépendent parfois de façonnaires, sortes d’intermédiaires entre les marchands de la ville et les ouvriers de la campagne.

Un certain nombre d’opérations, dans la préparation de la laine, n’ont lieu qu’en ville : la tonte, le lainage et le cardage. Les ouvriers occupés à ces travaux sont le plus souvent groupés en fabriques. Dans ces ateliers travaillent également des éplucheuses, des énoueuses ou noppeuses, des rentrayeurs, des relieurs de chardons et des presseurs.

Au XVIIIe siècle, il n’y a guère d’années prospères pour les ouvriers dans l’industrie lainière. Le plus souvent, on a à déplorer la misère, les bas salaires, le chômage, les abus de payement en nature et en mauvaise monnaie. Par ailleurs, dans les campagnes, l’élevage ne parvient pas à compenser le manque à gagner de l’industrie durant les années de crise.

1. Nicole Hansenne-Peremans, La pauvreté dans la région liégeoise à l’aube de la révolution industrielle, Liège ULG 2020 – https://books.openedition.org/pulg/6745
2. P. Lebrun, L’industrie de la laine à Verviers pendant le xviiie siècle et le début du xixe siècle, Liège, 1948, pp. 270-271

C’est dans ce contexte qu’apparaissent ce que Henri Delrée (époux de Suzanne Haulet) a qualifié de «fameuses mécaniques anglaises».

Pour plus d’informations voir les deux tomes de Michel Alcan « Traité du travail des laines » Paris et Liège 1866 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61748c.texteImage
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61749q.texteImage

• 3   LES « FAMEUSES MECANIQUES ANGLAISES »           ⬍

C’est à la toute fin du 18e siècle, en 1798 précisément, que se présenta à Messieurs Biolley et Simonis, chefs d’entreprises textiles à Verviers, un anglais dénommé William Cockerill leur proposant un assortiment de machines de sa construction inspiré de ce qui se faisait en Angleterre (et dont l’exportation était interdite).

C’est à propos d’un contrat établi le 23 juillet 1802 entre ces parties que Henri Delrée et Etienne Hélin font une publication dans le Bulletin de la Société Royale Le Vieux Liège d’octobre-décembre 1986.

Lire et ou télécharger le bulletin

Dans son livre « De l’industrie en Belgique – Causes de décadence et de prospérité – Vol.1 » paru à Bruxelles en 1839, M. Briavoinne écrit ceci :
« L’assortiment se composait d’une droussette, d’une carde, d’un moulin à fouler en gros et da quatre moulins à filer en fin.
Tel fut le principe de la révolution qui devait en peu d’années changer la face de l’industrie drapière en Belgique. Telle fut aussi l’origine de la maison Cockerill. (Le fils de William Cockerill, John Cockerill établit un empire sidérurgique dans la banlieue liégeoise, à Seraing).
(…) On commençait par ouvrir la laine dans la droussette, on la cardait et on la faisait ensuite passer sur divers moulins ou ‘mul-jenny’ à filer en gros et en fin jusqu’à ce que le fil eût atteint le degré de finesse qu’on désirait lui donner.
(…) La seule modification introduite dans le tissage des draps est l’emploi de la navette volante; elle suivit de près l’emploi des machines à filer : nous pouvons la placer entre 1802 et 1803. »

D’autres perfectionnements suivirent :
– en 1806, la machine à lainer, les machines à tondre avec cisailles remplacées en 1822 par les tondeuses avec lames en spirale, inventées aux USA, améliorées en Angleterre et importées par M. Biolley dès 1827.
Par ailleurs, la force motrice prodiguée par les eaux de la Vesdre fut remplacée à partir de 1817 chez Biolley, Hodson et Sauvage par des machines à vapeur. Les premiers modèles développaient à peine 4 chevaux.

« De l’industrie en Belgique – Causes de décadence et de prospérité – Vol.1 » – M. Briavoinne Bruxelles 1839 pages 346 à 355
https://books.google.be/books?id=5K4JAAAAIAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Les chiffres suivants donnent une idée des avancées industrielles permises :

En 1789, la Belgique avait 500 métiers produisant

AnnéeNombre de métiersPièces produites
178950020.000
1812118847.500
1815163865.000
18383000120.000

La province de Liège et principalement le district de Verviers forment presqu’exclusivement le siège de fabrication de l’industrie du drap :

                                        (année 1838)


« De l’industrie en Belgique – Causes de décadence et de prospérité – Vol.2 » M. Briavoinne Bruxelles en 1839, pages 390 à 407
https://books.google.be/books?id=5G1DAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

En ce qui concerne la laine peignée, davantage travaillée à la main et dans une moindre ampleur, la maison Biolley s’équipe la première dès 1822 de 800 broches mues à la vapeur et adopta, pour la filature, le systèmes des métiers continus.

• 4   xxx           ⬍

 

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