Restitution des oeuvres d’art Africaines

Le long combat de l’Afrique pour son art – Histoire d’une défaite post-coloniale.
Bénédicte Savoy
Editions du Seuil Janvier 2023 – 304 pages – 23€
ISBN 978-2-02-149711-3

Je suis tombé sur ce livre passionant de Bénédicte Savoy paru en allemand en 2021, en anglais en 2022 et enfin en francais en 2023.

Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d’innombrables œuvres d’art volées pendant l’ère coloniale afin d’être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s’appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l’indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d’Afrique ont accédé à l’indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des œuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L’autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l’Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l’avenir.

La statue de Ngonnso, fondateur de la dynastie Nso, l’un des 250 groupes ethniques du Cameroun, a été emportée par l’administrateur colonial allemand Kurt Von Pavel et placée au Musée ethnologique de Berlin en 1903. Après 120 ans, l’Allemagne s’apprête à restituer cet objet pillé au peuple Nso au Cameroun

En 6 questions, le tour du problème :

Comment résumer le livre « Le long combat de l’Afrique pour son art » de Bénédicte Savoy en le plaçant dans la problématique générale de la réappropriation par les africains des oeuvres d’art africaines disséminées dans les musées européens et américains ?

« Le long combat de l’Afrique pour son art » de Bénédicte Savoy explore la problématique complexe de la réappropriation des œuvres d’art africaines qui ont été historiquement dispersées dans les musées européens et américains. L’auteure examine comment ces objets culturels africains ont été acquis, déplacés et exposés dans des contextes coloniaux et impérialistes, souvent privés de leur signification et de leur contexte d’origine.

L’ouvrage met en lumière le désir croissant de nombreux pays africains de restituer ces œuvres à leurs communautés d’origine. Ce mouvement de restitution reflète une prise de conscience de l’importance vitale de l’art africain pour la culture et l’identité des peuples africains. L’auteure explore les défis juridiques, éthiques et politiques associés à cette démarche de restitution, ainsi que les débats sur la manière de rétablir un équilibre historique et culturel.

En plaçant le livre dans la problématique générale de la réappropriation par les Africains de leurs propres œuvres d’art, l’auteure souligne l’urgence de repenser les notions de propriété, de patrimoine et d’appropriation culturelle. Elle aborde également les questions relatives à la restitution physique des œuvres, ainsi qu’à la transmission du savoir et de la signification culturelle qui les accompagnent.

En somme, « Le long combat de l’Afrique pour son art » met en lumière l’évolution des perceptions et des politiques autour du patrimoine culturel africain, en mettant en avant les efforts déployés pour rétablir une relation plus juste et équilibrée entre les musées occidentaux et les pays africains d’origine, tout en préservant le dialogue interculturel et la valeur universelle de ces œuvres.

Quelles sont les grandes étapes de la réappropriation par les africains des oeuvres d’art disséminées dans les musées européens et américains ?

La réappropriation par les Africains des œuvres d’art disséminées dans les musées européens et américains est un processus complexe qui s’est développé sur plusieurs décennies. Voici les grandes étapes de ce mouvement :

1. Prise de conscience et revendication préliminaire (1960-2000) : Après les indépendances des pays africains dans les années 1960, les voix commencent à se faire entendre pour réclamer la restitution des œuvres d’art prises pendant la période coloniale. Cependant, ces revendications restent souvent isolées et ne gagnent pas beaucoup d’attention internationale.

2. Développement des revendications et du débat (années 2000-2010) : Au début des années 2000, la question de la restitution gagne en visibilité. Les gouvernements africains, les chercheurs, les activistes et les organisations culturelles commencent à plaider pour la restitution des objets culturels. Des conférences et des débats sont organisés pour discuter des implications éthiques, juridiques et culturelles de la restitution.

3. Changement de perspective dans les musées (années 2010) : Certains musées commencent à repenser leur approche vis-à-vis des œuvres d’art africaines. Des discussions émergent sur la manière de collaborer avec les communautés d’origine pour mieux contextualiser ces objets et respecter leurs significations culturelles. Certains musées commencent à prêter des œuvres à des institutions africaines, ce qui marque un changement dans la dynamique traditionnelle d’emprunt.

4. Revendications légales et diplomatiques (années 2010-2020) : Certains pays africains lancent des démarches légales pour obtenir la restitution de certaines œuvres. Des négociations et des discussions diplomatiques s’intensifient entre les pays africains et les pays détenant les œuvres, ainsi qu’avec les institutions culturelles concernées. Des accords bilatéraux commencent à être conclus pour faciliter les restitutions.

5. Accélération des restitutions (années 2020) : Au fil des années 2020, plusieurs musées et institutions annoncent la restitution d’œuvres à leurs pays d’origine. Ces gestes sont souvent symboliques, mais ils reflètent un changement plus large dans la perception de la propriété et de la responsabilité culturelle. Certains pays africains créent des infrastructures pour accueillir ces objets et les intégrer dans leurs récits nationaux.

6. Continuité des discussions et des actions (présent et futur) : La question de la réappropriation des œuvres d’art africaines reste un enjeu en constante évolution. Les discussions se poursuivent autour de la manière de gérer ces restitutions, de garantir leur protection et de stimuler l’éducation culturelle autour de ces objets. De nouveaux défis émergent, tels que la numérisation du patrimoine culturel et la recherche de solutions durables pour la gestion de ces objets.

Ces étapes illustrent l’évolution d’un mouvement complexe visant à rétablir un équilibre entre les musées occidentaux et les pays africains d’origine, tout en reconnaissant la valeur universelle et l’importance culturelle de ces œuvres d’art.

Quels sont, par ordre d’importance, les principaux musées européens détenant des oeuvres d’art africaines ?

Il est difficile de classer précisément les musées européens détenant des œuvres d’art africaines par ordre d’importance, car cela dépend de divers facteurs tels que la quantité, la qualité et la diversité des collections, ainsi que de la visibilité et de l’influence globale de chaque musée. Cependant, voici quelques-uns des musées européens réputés pour leurs collections d’art africain, présentés sans ordre spécifique :

1. Musée du quai Branly – Jacques Chirac (France) : Situé à Paris, ce musée est dédié aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Il abrite l’une des plus grandes collections d’art africain au monde.
https://www.quaibranly.fr

2. British Museum (Royaume-Uni) : Bien qu’il ne soit pas exclusivement centré sur l’art africain, le British Museum de Londres possède une vaste collection d’objets culturels africains, notamment des sculptures, des masques et des artefacts.
https://www.britishmuseum.org

3. Musée royal de l’Afrique centrale (Belgique) : Situé à Tervuren, ce musée belge est spécialisé dans les arts et la culture de l’Afrique centrale. Il abrite une importante collection d’objets historiques et artistiques.
https://www.africamuseum.be

4. Museum für Völkerkunde (Allemagne) : Ce musée d’ethnologie situé à Berlin possède une collection significative d’art africain, ainsi que d’autres collections liées aux cultures du monde.
https://voelkerkunde-dresden.skd.museum/
https://grassi-voelkerkunde.skd.museum/en/research/decolonisation-restitution-and-repatriation/

5. Musée Dapper (France) : Bien que plus petit que certains autres musées, le Musée Dapper à Paris s’est fait connaître pour ses expositions et sa collection d’art africain et caribéen.
https://dapper.fr

6. Tropenmuseum (Pays-Bas) : Ce musée d’Amsterdam se concentre sur les cultures et les sociétés du monde entier, y compris l’Afrique, et possède des collections d’objets artistiques et culturels.
https://www.tropenmuseum.nl/

7. Musée des Confluences (France) : Situé à Lyon, ce musée propose une approche pluridisciplinaire des cultures et des civilisations, y compris l’art africain.
https://www.museedesconfluences.fr/

8. Musée ethnographique de Genève (Suisse) : Ce musée suisse abrite une collection d’art africain et d’autres objets culturels du monde entier.
https://www.meg.ch/fr

9. Musée de l’Homme (France) : À Paris, ce musée se concentre sur l’anthropologie et abrite des collections liées aux cultures et aux arts du monde, y compris de l’Afrique.
https://www.museedelhomme.fr

10. Horniman Museum and Gardens (Royaume-Uni) : Ce musée de Londres possède une variété d’objets liés aux cultures du monde, y compris l’art africain.
https://www.horniman.ac.uk/

Il est important de noter que de nombreux autres musées européens ont également des collections d’art africain, et la situation peut évoluer avec le temps en raison des discussions sur la restitution et les prêts temporaires d’œuvres.

Quelle est la politique du Musée royal de l’Afrique Centrale (tervuren) en matière de restitution des oeuvres d’art et de décolonisation ?

Le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) à Tervuren, en Belgique, a entrepris ces dernières années des efforts significatifs pour réexaminer sa politique en matière de restitution des œuvres d’art et de décolonisation. Le musée a cherché à reconnaître les préoccupations liées à l’histoire coloniale et à la réappropriation culturelle des objets africains. Voici quelques points clés de la politique du MRAC :

1. Réexamen du discours colonial : Le musée a reconnu la nécessité de revoir et de réviser les descriptions historiques et le langage utilisé dans les expositions pour refléter de manière plus précise les perspectives et les expériences africaines.

2. Restitution des objets : Le MRAC a exprimé sa volonté de travailler avec les gouvernements et les institutions africains pour discuter de la restitution d’objets culturels qui ont été acquis pendant la période coloniale. Cependant, le musée a adopté une approche pragmatique et basée sur des discussions bilatérales, plutôt que d’adopter une position de restitution systématique.

3. Collaboration et dialogue : Le musée s’est engagé à favoriser le dialogue avec les pays africains concernés et à écouter les perspectives et les demandes de ces pays en ce qui concerne les objets culturels détenus par le musée.

4. Nouvelles expositions et interprétations : Le MRAC a travaillé sur des expositions qui remettent en question les récits traditionnels liés à l’histoire coloniale et à l’acquisition des objets. Il vise à présenter une perspective plus nuancée et équilibrée.

5. Éducation et sensibilisation : Le musée s’est engagé à sensibiliser le public aux enjeux de la décolonisation et de la restitution à travers des programmes éducatifs et des événements.

Il est important de noter que les politiques et les actions d’un musée peuvent évoluer avec le temps et en réponse aux discussions en cours. Par conséquent, il est recommandé de consulter les sources officielles du musée et les informations les plus récentes pour obtenir une vue complète et actualisée de sa politique en matière de restitution des œuvres d’art et de décolonisation.

La politique de restitution des oeuvres d’art africaines ne risque t-elle pas de subir les excès du wokisme ?

La question de la restitution des œuvres d’art africaines est complexe et suscite un large éventail d’opinions et de débats. Il est important de reconnaître que la restitution et la décolonisation des objets culturels ne sont pas nécessairement des manifestations du « wokisme » (un terme parfois utilisé de manière péjorative pour décrire des tendances sociales progressistes ou politiquement correctes).

Les arguments en faveur de la restitution reposent sur des considérations historiques, morales et culturelles, plutôt que sur une simple idéologie. Voici quelques points à prendre en compte :

1. Réparation historique : Les demandes de restitution sont souvent motivées par le désir de rectifier les injustices historiques, notamment celles liées à la période coloniale où de nombreuses œuvres d’art ont été acquises de manière contestable voire illégale.

2. Propriété culturelle : Les partisans de la restitution mettent en avant le droit des communautés et des pays d’origine à posséder et à conserver leurs propres objets culturels. Ils affirment que ces objets sont partie intégrante de l’identité et de la culture des peuples africains.

3. Équité et échange : La restitution peut encourager un dialogue plus équitable entre les musées occidentaux et les pays africains. Certains estiment que cela pourrait conduire à de nouveaux types de coopération culturelle et à un partage plus équilibré des connaissances.

4. Éducation et sensibilisation : La restitution peut contribuer à une meilleure compréhension de l’histoire coloniale et à la sensibilisation aux enjeux liés à la décolonisation et à la préservation du patrimoine culturel.

Cependant, il est vrai que les débats sur la restitution peuvent parfois être polarisés et sensibles. Il est important d’adopter une approche nuancée et de reconnaître les diverses perspectives. Certaines personnes peuvent s’inquiéter des excès idéologiques ou de l’utilisation de la restitution à des fins politiques. Il est essentiel d’engager un dialogue ouvert et respectueux pour trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts des différentes parties concernées.

En fin de compte, la question de la restitution des œuvres d’art africaines soulève des questions profondes sur l’histoire, la culture, la propriété et la justice, et elle mérite une discussion approfondie qui dépasse les étiquettes simplistes.

Qu’en est-il de la restitution des oeuvres d’art africaines particulièrement en Belgique ?

En Belgique, la question de la restitution des œuvres d’art africaines est devenue un sujet de débat et de discussion au cours des dernières années. La Belgique possède plusieurs institutions culturelles, dont le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC), qui détiennent des collections significatives d’objets provenant d’Afrique et d’autres régions colonisées. Voici quelques points clés concernant la restitution des œuvres d’art africaines en Belgique :

1. Débat public et sensibilisation : La question de la restitution a été portée sur la scène publique en Belgique, notamment par le biais d’articles de presse, de débats et de discussions dans les cercles académiques et culturels. Cela a conduit à une prise de conscience accrue de la nécessité de réexaminer les collections d’objets culturels africains.

2. Politiques institutionnelles : Certaines institutions culturelles en Belgique, dont le MRAC, ont commencé à revoir leurs politiques et leurs approches en matière de décolonisation et de restitution. Le MRAC, par exemple, a exprimé sa volonté de collaborer avec les pays africains pour discuter de la restitution, mais a également adopté une approche pragmatique.

3. Demandes de restitution : Plusieurs pays africains ont formulé des demandes de restitution d’objets culturels à la Belgique. Ces demandes s’inscrivent souvent dans le cadre d’une volonté de récupérer des objets culturels acquis pendant la période coloniale.

4. Pression internationale : La Belgique est sous la pression d’organisations internationales, d’experts en patrimoine culturel, d’activistes et de certains secteurs de la société civile pour prendre des mesures en faveur de la restitution et de la décolonisation.

5. Évolution en cours : La situation évolue rapidement et de manière complexe. Les institutions culturelles, le gouvernement belge et d’autres parties prenantes continuent de discuter de la manière de répondre aux questions liées à la restitution, tout en prenant en compte les aspects juridiques, éthiques et culturels.

En somme, la Belgique fait face à des défis similaires à d’autres pays européens en ce qui concerne la restitution des œuvres d’art africaines. Le débat est en cours et implique une variété d’acteurs et de perspectives. L’issue de ce débat dépendra des décisions prises par les institutions culturelles, les gouvernements, les communautés africaines concernées et la société dans son ensemble.


Il n’a pas fallu plus de 5 minutes pour que ce brillant texte en 2.543 mots ait été pondu par les bons soins de l’intelligence artificielle
prodiguée par CHAT GPT 3.5 !!!

Imposture ou instrument indispensable ? A vous de juger !

Vraisemblablement, nous retraiterons cette page très
prochainement suivant notre façon de faire habituelle.
On va y perdre peut-être en politiquement correct et
parfois s’éparpiller dans des détails ou l’anecdote
afin de mieux coller à la belgafrique familiale…
Aussi, il y aura des liens, des illustrations
et… nous citerons nos sources, nous !

A bientôt ?


Une réponse sur “Restitution des oeuvres d’art Africaines”

  1. Bravo pour cette lecture-étude fondamentale,
    toutes mes chaleureuses félicitations, il est vraiment temps d’être au fait de ce débat culture et histoire des civilisations souvent odieusement pillées !
    Dans un travail de mémoire et d’actualité à découvrir , déjà ces trois documentaires-là :
    https://tv.apple.com/fr/movie/la-mer-cruelle/umc.cmc.1fqhrpz378em50p3o4iidavf7
    (site utile : https://www.spicee.com/home)
    -https://www.fondationshoah.org/memoire/le-silence-des-mots-gael-faye-et-michael-sztanke
    -et ce film qui vient de sortir en France : « Classified people » film de Yolande Zauberman
    chrilau

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