Lettre 15




Kibuburu, le 6 décembre 1928.


                          Ma bien chère mother,

Je t’ai déjà remerciée de ta bonne longue lettre du 3 octobre, par une carte envoyée par le précédent courrier. Merci encore mille fois de toute l’affection que tu m’y témoignes.
Si le récit de mes pérégrinations et de mes petites aventures – toujours les mêmes, cependant – vous intéresse, c’est avec encore plus d’intérêt que je lis, moi, les petites nouvelles de Liège et de toute la famille.
Je suis si heureux qu’elles soient si bonnes pour tous, y compris pour notre chère Tensette.
Pour elle, l’événement approche … je suis un peu rassuré par les nouvelles de son état actuel. Dieu veuille, qu’au reçu de cette lettre, tout se soit bien passé.
Et après, pourvu que Madame Laurenty trouve une place qui plaise à Nic ; car il est bien désirable que Tensette reste au pays avec les petits. Un ingénieur de l’U.M., M. Marshal, rentrant en congé via le Kivu, m’a rencontré à Bukavu, il y a quelque temps. Il avait une lettre de Nic pour moi, mais pas en poche … je ne l’ai pas encore reçue et me demande ce qu’elle contient ! M. Marshal me disait qu’il avait été étonné du retour de Nic….. et qu’il pensait qu’il avait été si heureux pendant son congé, qu’il en avait oublié les misères de l’U.M. pendant son premier terme … J’espère que les misères du second terme auront plus d’effets !

Ici, tout va bien. Nous sommes en pleine saison des pluies, il fait très humide …heureusement, il ne pleut généralement pas avant 11h ou midi, et l’on peut arriver à l’étape sans être douché. Je mesure aux derniers signaux côté T.O. avant de passer pour tout un temps, si pas définitivement, au Kivu.
Si j’ai bon souvenir, j’ai parlé, dans mes lettres de Lemura, de notre passage au Kivu. Depuis, la question est mise à peu près au point.
Le major Hoier m’avait donné rendez-vous pour le 19 à Costermansville (Bukavu) – j’y suis allé, mais lui n’est arrivé que le 22 et encore, pendant quelques heures seulement : il venait d’Uvira en limousine ! sans ses bagages et est reparti le jour même. Nous n’avons pas eu le temps de nous parler, car nous sommes partis directement faire le tour des autorités !! commissaire de district, directeur du Comité National du Kivu, etc…

Depuis, le major est retourné à Bukavu, et nous avons revu les autorités à Luvungi. J’ai passé un jour à Luvungi avec le major et lui est venu le lendemain « en face » à Nyakakunda, où j’étais campé. Et voilà ce que l’on a décidé : la partie qui intéresse le comité national du Kivu (C.N.Ki) est « l’escarpement »,c’est-à-dire, la montée de la plaine de la Ruzizi vers les hauts plateaux du Sud du Kivu ; on part de Kamanyola à environ 1000 m. et on doit arriver à Nyangizi à environ 1800 m. sur très peu de km à vol d’oiseau. Il y a une vallée, celle de la Luvinwi, qui pourrait donner un accès à un chemin de fer ; la route automobile existante, qui longe les contreforts du massif surplombant la Ruzizi, a une pente bien trop forte pour un chemin de fer. C’est ce morceau, vallée de la Luvinwi et massif Kamanyola, morceau pas très grand, mais assez compliqué, dont le C.N.Ki. désirerait la carte le plus vite possible. Ils veulent absolument y faire passer le chemin de fer ; car, sinon, il n’y aurait d’autre solution que de le faire passer par les T.O. : soit qu’il longerait la Ruzizi à l’Est à partir de Bugarama, pour le repasser près du lac Kivu ; soit que, par la vallée de la Lufira, de la Dondive? et de la Kameranzovu, le chemin de fer aboutirait à la presqu’île d’Ishara. Ces solutions par les T.O. ne sont pas fameuses parce qu’elles écartent la ligne du centre du Kivu et des futures lignes du Nord et surtout parce que les T.O. peuvent encore redevenir boches .. si les anglais cédaient le Tanganyika Territory ; de plus, le tracé n’irait pas non plus sans grandes difficultés.

Alors, le major est parti trianguler la région en question et je le rejoindrai bientôt, si tôt que le travail d’ici, qui doit nous servir de base, sera terminé. Nous aurons triangulé la région pour mi-janvier et y laisserons alors notre bon cartographe Pictus, qui achèvera la carte probablement pour mars.
Il paraît qu’après ce travail, le C.N.Ki nous laissera complètement la paix et que nous pourrons travailler où bon nous semblera. Alors, nous achèverons d’abord la chaîne Kivu-Tanganika que j’ai commencée et qui doit fermer les chaînes des T.O. – puis, nous ferons une chaîne à l’ouest de celle-ci pour permettre la carte de la région demandée par le ministère : tout le versant ouest du Kivu et de la Ruzizi et, enfin, nous ferons la petite chaîne qui reste à faire aux T.O. dans la région des volcans.
Si l’on nous envoie du personnel, comme promis, nous pourrons laisser 2 cartographes aux T.O. pour y achever la carte et mettre le reste au travail au Kivu.

C’est un beau programme, j’espère qu’on ne viendra pas encore le bouleverser ! Le pays est sensiblement le même qu’aux T.O. et au Nord de Kamanyola, le long du lac, nous n’aurons pas trop de difficultés au point de vue travail. Mais le sud, ouest de la plaine de la Ruzizi, est bordé de formidables montagnes, dont beaucoup couvertes de forêts ; vers Uvira, les sommets dépassent 3000 m. Il nous faudra avoir quelques points principaux au-dessus pour que nos successeurs puissent, plus tard, avoir des bases pour continuer sur l’autre versant vers l’ouest. Ce seront de véritables expéditions à organiser.
Le major ne voulait d’abord pas me croire et, au lieu de rester dans la plaine ou à mi-hauteur, voulait directement partir pour les hauts sommets … Il est parti, mais il n’a pas été loin ; ses porteurs ont fui, il était sans vivres pour ses noirs, et a dû attendre 3 jours pour pouvoir redescendre dans la plaine ;.. Moi, je connaissais la région d’y avoir grimpé en fin 25 et les indigènes pour avoir travaillé déjà un peu au Kivu … Le major était désappointé et furibond ! aussi a-t-il convenu de laisser cette région pour plus tard … Il faut, en effet, pour aller là-haut, et même pour travailler dans tout le Kivu, être bien organisé, avoir des porteurs permanents et un européen qui s’occupe de la question des vivres pour noirs (ce sera le chef d’escorte, qui déménagera d’Usumbura vers Bukavu). On ne peut pas compter, comme aux T.O.,sur les chefs et sur les indigènes question portage, main d’œuvre et vivres pour noirs.

Le Kivu se développe trop vite – il pleut des colons et des sociétés, il faut des dizaines de milliers de travailleurs et des centaines de tonnes de vivres. Les indigènes étaient, jusqu’il y a très peu de temps, habitués à vivre en paix. L’administrateur ne se dérangeait pas à grimper et à courir dans les montagnes pour percevoir l’impôt ou pour recruter des porteurs, ceux de la plaine et des environs des postes suffisaient. Il y a des régions très peuplées, mais très difficilement accessibles, qui, depuis la guerre, n’avaient plus été inquiétées. Alors, il faut 3000 travailleurs sur la route, 1500 de suite pour la construction du chemin de fer, 500 pour l’étude, et 200 par ci, 100 par là, ça n’en finit plus.
Les indigènes ne sont pas habitués à ce régime et, à peine dans la plaine – recrutés de force – ils se « resauvent » dans la montagne. Les chefs sont des imbéciles et sans autorité. Les indigènes cultivent pour eux, ceux qui vendent des vivres les vendent à prix d’or … Il faudra absolument construire des postes, envoyer du personnel européen dans ces montagnes, y faire construire des routes, des gîtes, y mettre une compagnie de soldats en occupation qui ???? illisible le monde … enfin, imposer des corvées et faire travailler les indigènes à des travaux d’utilité publique pour un salaire très minime : ils finiront par préférer aller travailler de bon gré et pour de gros salaires chez les colons et pour les sociétés.
C’est la méthode de l’Uelé, de l’Ituri, d’autres régions plus avancées. Ce n’est pas du travail forcé … mais c’est forcer l’indigène à travailler en lui créant de besoins et en lui enlevant sa paresseuse tranquillité. Cela ne semble pas très beau… c’est cependant la civilisation !

Et pouvons-nous encore dire que nous sommes ici pour le plus grand bien de l’indigène ?
J’ai peur qu’à cause des sociétés à gros capitaux, qu’à cause de tous les blancs, nous sommes ici « pour exploiter l’indigène le plus humanitairement possible ! »
Si quelque chose peut rendre moins noir le tableau, c’est qu’il est un fait qu’un noir laissé à sa paresse, à sa vie ancestrale, à son apathie ne pourra non plus pas bénéficier du grand bienfait de la civilisation : le christianisme.
Et puisque l’on colonise, il faut que, bon gré mal gré, les nègres bénéficient des bienfaits de la civilisation : confort, justice, christianisme et en subissent les conséquences, c’est-à-dire qu’ils travaillent ! et secouent leurs puces, leur paresse et leur ignorance …
Avec cette situation au point de vue indigène au Kivu, nous regretterons les T.O. pour nos facilités de travail : les indigènes des T.O. ne sont guère plus avancés, mais leurs chefs ont plus d’autorité et ils sont plus accessibles. De plus, nous y étions connus presque partout et obtenions très vite tout ce que nous avions besoin.

Avec un peu d’organisation, je pense que nous nous en tirerons aussi au Kivu. Et heureusement, le climat reste excellent là-bas comme ici, même plus froid ; et pour les vivres pour européens, s’ils sont un peu rares et un peu plus chers à cause du grand nombre de consommateurs, nous restons toujours comme on dit « le derrière dans le beurre ! ».
Le beurre et le lait est une grande chose.
En attendant le major Hoier à Bukavu, je suis resté chez le capitaine Thaels, qui est marié et a 4 garçons, dont deux nés ce terme en Afrique, le dernier les jours passés. Ils ont été à Pinga dans la forêt (1er bataillon campé de la P.O.) où l’on ne connaissait que le beurre et le lait en boîtes … et toute la famille boit du lait du matin au soir, même en mangeant, pour rattraper le … lait perdu !
Il y a en ce moment des foules d’autorités au Kivu, la plupart en voyage : le Général Olsen, le Gouverneur Général, Général Tilkens, le Colonel Herremure, le prince de Ligne, etc… etc…
Le prince Bibesco, roumain, associé aux de Ligne, est arrivé avec une cargaison de nobles pour les concessions …

Le fameux C.N.Ki., qui allait faire des merveilles, n’a pas encore réussi depuis 3 mois à se construire une maison convenable ; ce n’est cependant pas le personnel blanc, ni noir, qui manque. Tous s’agitent et personne ne fait quelque chose … mais il y a des projets grandioses !!! sur papier ou en discussion …
Le directeur général du C.N.Ki., ex-lieutenant-colonel Jadot, est un type très peu sympathique, poseur, autoritaire, peu franc et très peu aimé. Il paraît que je ne lui ai pas plu – je n’ai pas eu cet honneur ! D’abord parce que de passage à Bukavu, je ne lui ai pas fait visite ;.., ensuite parce que, quand je l’ai rencontré à Uvira, je portais une chemise sport, au lieu d’avoir un col et une cravate, comme le veut la tenue à l’ordonnance ! Quel zèbre, qui veut garder les droits de Colonel de la F.P., tout en gagnant 500.000 frs par an au C.N.Ki. Il ne m’a rien dit à moi, mais en a parlé au major Hoier, qui en est aussi furieux que moi-même ! Jadot n’a aucun ordre à me donner avant que je ne fasse partie du C.N.Ki. qui me paierait des centaines de mille par an … en attendant, je reste où je suis et où je suis bien heureux et je l’envoie paître .. très respectueusement !
Jadot ne s’entend pas avec l’ex-major Mensel, son directeur-adjoint ; quel fourbi dans toutes ces sociétés et que l’on est bien à l’Etat !

J’ai revu dernièrement le Lieutenant Colonel Pieren. Il est ici en voyage de quelques mois, en mission pour la Banque de Bruxelles ; il doit inspecter plusieurs sociétés dont il est fondé de pouvoirs. Il est resté toujours le même, malgré sa fortune ! sa bonne fortune plutôt.
Nous avons passé une agréable journée ensemble et avons longuement parlé du Commandant Joris et du « bon vieux temps ! » aussi de l’avenir ;.. lui, comme il a réussi, vantait les sociétés … mais il en parlait comme inspecteur !!

Pour Noël et nouvel An, je comptais être à Kisenyi – il n’en est plus question avec le changement de programme. J’espère passer les fêtes avec le major Hoier et être pour Noël à la mission de Nyangesi.
Il y avait cinq mois que je n’avais plus vu le major, je l’ai trouvé un peu vieilli ; moralement toujours le même … nous avons passé deux bonnes journées ensemble ; il avait, disait-il, besoin d’un jour de congé pour se remettre des émotions que lui avaient données les indigènes du Kivu ! Il a fait une fort jolie planchette des environs d’Astrida, dont une bonne partie en forêt.

J’étais chez le camarade Pierman (Cie Ruzizi) à Nyakakunda. Il m’a conduit en moto à Luvungi, en passant la Ruzizi avec la moto dans une pirogue à lui. J’ai logé dans la tente du major et, le lendemain, nous sommes allés tous deux chez Pierman qui nous attendait avec sa moto à la Ruzizi. Je suis passé souvent ces temps-ci chez ce Pierman, mon compagnon de cabine sur le Général Voyron. C’est très agréable, il a une maison bien fraîche en plein dans la plaine de la Ruzizi ; il vient me chercher en moto si loin qu’il peut venir sur la route et m’épargne des chaudes étapes !
Chez lui, on est toujours bien reçu et on y mange très bien. Nous allons chasser en moto … souvent avec un agent territorial qui est à Rwagarika à ½ heure de moto (5 heures de marche !) de là. L’autre jour, ils ont tué un hippo et plusieurs crocos … moi, je n’avais que ma pétoire à plomb pour les canards ! Ils tuent surtout des antilopes qui abondent ;.. et alors, d’après la recette de mon cuisinier ( et qui vient de Jean van den Berg) on se régale d’une gigue de chevreuil marinée sauce chasseur !!
Pierman est aussi devenu mon fournisseur attitré de légumes ! Je passerai encore par chez lui bientôt et doit le voir après-demain à Rwagarika.
Il a une magnifique plantation et fort étendue : 1500 hectares concédés. Il n’y travaille que depuis 6 mois, avec 400 travailleurs ; mais a déjà beaucoup de labouré et plusieurs milliers de caféiers plantés – une bonne maison provisoire – beaucoup de briques pour sa maison définitive – un grand camp et des tas de hangars – une irrigation très bien comprise, avec chute d’eau pour faire marcher une dynamo, et un … bassin de natation ! et un magnifique potager.
Comme il est seul dans la région et côté T.O., il vit comme un prince, sans les soucis du Kivu !
La major m’a beaucoup parlé d’Astrida, qui est un four et des routes …(illisible) ;.. l’ingénieur chargé de tout cela n’est pas un as ; cela traîne que ça fait pitié.
Le Gouverneur Marzorati est sauvé, mais une phlébite l’empêche de rentrer de suite en Europe pour sa convalescence.
Dernièrement, j’ai raté d’un jour l’ami Coubeau, qui faisait, en grande vitesse, une tournée d’inspection dans le Ruanda – il est maintenant « résident » effectif à Kigali.

Voilà, ma chère mother, toutes les menues nouvelles. Elles sont bonnes tu vois ; je suis très content de la tournure que prend le programme de notre travail au Kivu, j’avais craint que cela ne s’arrangeât pas si facilement ; le moral est tranquillisé – quant à la santé, dans un climat comme le Kivu, on ne peut que bien se porter et … grossir !

Encore mille mercis de ta bonne lettre. A tous, j’envoie mes meilleurs baisers et t’embrasse, ma chère mother, bien tendrement.

                          Léon


Et si on chantait ?
C’est la guinguette – Damia

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Une réponse sur “Lettre 15”

  1. A propos du « prince Bibescu », il se prénomme Georges :  » (Eugène) De Ligne (1893-1960) fonde la société Linea sur le lac Kivu au Congo, avec son cousin Albert de Ligne et quelques amis, comme Georges Bibescu, descendant d’une famille roumaine de premier plan. Ensemble, ils investissent environ six millions de francs belges dans l’entreprise coloniale, active dans les secteurs de l’agriculture et des mines, des transports et de la construction, notamment sur l’île d’Idjwi. » … « L’avant-propos a été rédigé par l’écrivain roumain-français Marthe Bibescu, l’épouse du partenaire commercial susmentionné de de Ligne. »
    (traduit du Nl de : https://www.kaowarsom.be/fr/notices_de_ligne_prince_eugene)

    A propos de l’ex Lt-colonel Jadot : https://www.kaowarsom.be/documents/bbom/Tome_IV/Jadot.Albert_Hubert_Lambert.pdf

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Résidence du Gouverneur du Rwanda

Le Gouverneur Alfred Marzorati fut en effet victime fin 1928 de la fièvre typhoïde. Il ne fut sauvé que par le sang-froid de son épouse qui fit venir par avion les soins médicaux indispensables.
Alfred Marzorati (1881-1955) fut tout d’abord un éminent docteur en droit, cultivé, épris de littérature. En 1911, à la surprise générale il décide de partir en Afrique y satisfaire «sa passion d’agir dans l’intérêt de la chose publique». D’abord magistrat à Elisabethville puis substitut du Procureur du Roi, il est désigné successivement en 1914 juge au tribunal de Lomani, juge-président au au tribunal de Stanleyville et président du Conseil de Guerre (1915).
En 1916, il devient auditeur général près les troupes d’occupation en Afrique Orientale Allemande, conseiller juridique et commissaire-royal de la région.
En 1922, le voilà commissaire-général à Usumbura puis en 1925 vice-gouverneur général du Congo et gouverneur du Ruanda-Urundi jusqu’en 1928 date à laquelle il dut à son à état de santé de rentrer en Belgique. Il s’y consacra entre autres à ses multiples chaires d’enseignement.
Outre ses apports au droit comparé et au droit international, sa pensée et son action ne cessèrent de veiller à la meilleure évolution possible des indigènes à travers le droit colonial en pleine évolution avec la publication de la Charte de San Francisco en 1945.
Le professeur Van Bilsen, auteur du «Plan de trente ans pour l’émancipation de de l’Afrique Belge» en 1956 s’inspira largement des conceptions humanistes du gouverneur Marzorati. Un groupe de travail au nom de son inspirateur fut créé en 1957 en vue de préparer la décolonisation.

Voir la fiche de A. Marzorati sur Kowarsom

Auguste Tilkens (1869-1949) est entré à l’Académie Militaire Royale en 1887.
Il est décoré à la bataille de l’Yser puis, en 1916, il se porte volontaire pour combattre au Congo à la frontière avec l’Afrique de l’Est allemande.
En 1917, de retour en Belgique, il devient aide de camp du Roi Albert Ier. Il monte dans la hiérarchie de l’armée et prend le commandement général de l’artillerie.

En 1927, il quitte l’armée pour devenir gouverneur général du Congo Belge jusqu’en 1934.
En 1935, il est nommé directeur de l’INEAC (Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo).

A partir de mai 1936, il occupe pendant 10 ans la direction du CSK, Comité Spécial du Katanga.
Il décède en Belgique en 1949.

Biographie complète sur Kowarsom

Article à son sujet dans Pourquoi Pas du 13 janvier 1928

Frederik Valdemar Olsen (1877-1962) est d’origine danoise. Remarqué lors de son service militaire, il est envoyé à l’Académie Militaire de Copenhague.
Sous-lieutenant d’artillerie en 1897, il s’engage en 1898 pour l’Etat Indépendant du Congo avec le désir de briller dans la lutte anti-esclavagisme. Il est envoyé en 1899 dans le nord-est où avait éclaté la révolte de 1896. Les Allemands ayant profité de la situation en occupant une portion du territoire et ne voulant pas le rendre, il crée en 1900 un poste de défense sur les bords du Lac Kivu à Nya Lukemba (qui allait devenir Bukavu).
Après le congé de son premier terme de 3 ans, il est nommé capitaine en 1902, regagne Uvira mais doit rentrer prématurément pour cause de maladie. Nouveau départ en 1904 pour la Ruzizi, il est promu capitaine-commandant en 1905, chef de la zone d’Uvira en 1906 puis commandant des Territoires de la Ruzizi-Kivu.
Lors de son quatrième terme, Olsen eut à résoudre un ténébreux conflit de frontières du Kivu avec les anglais et les allemands. Promu major de la Force Publique en 1911, il organise et dirige l’armée au Katanga et en devient le chef provincial. En 1914, il vole au secours des rhodésiens attaqués par les allemands puis fait mouvement vers le Kivu.
Nommé Lieutenant-Colonel en 1916 il rejoint Shangugu ayant reçu le commandement de la région sud et participe à la lutte contre les allemands jusqu’à la prise de Tabora le 19 novembre 1916.
En 1920, il obtient la grande naturalisation Belge, est nommé Colonel et prend le commandement en chef de la Force Publique. Il est nommé Général en 1925 et prend sa pension la même année.
Il passe alors au privé et est appelé à la direction de l’Unatra (fusion de la Conatra et de la Citas), sociétés de transport fluviaux où régnaient la désorganisation et la corruption. Il fit tellement bien que la C.F.L. fit appel à ses compétences tant et si bien qu’il fut à la tête des deux grandes organisations de transport !
En 1936, il il devint administrateur-gérant de l’Otraco (ex Unatra, chemins de fer Matadi-Léopoldville et Chemins de Fer du Mayumbe).
Ayant atteint l’âge de la retraite, il cesse ses activités en 1947.
Un bateau-courrier faisant la liaison Stanleyville-Léopoldville fut baptisé à son nom en 1948.


Vallée de la Ruzizi

Luvungi est une cité du Sud-Kivu sur le territoire d’Uvira, entre Bukavu et Uvira et donc dans la vallée de la Ruzizi. Elle est proche de la frontière entre le Rwanda, le Burundi et le Congo.
La plaine de la Ruzizi est une étroite bande de de terre de 117 kms suivant les circonvolutions de la rivière Ruzizi coulant du Lac Kivu vers le Lac Tanganyika, à une altitude moyenne de 800 m, entre les monts Mitumba à l’ouest et les montagnes de la crête Congo-Nil à l’est.
De nombreuses rivières, dont la rivière homonyme Luvungi, coulent des montagnes environnantes et apportent leurs alluvions.

Luvungi aujourd"hui

Introduction to Luvungi from Mike Beeston on Vimeo.

Il s’agit vraisemblablement de PIERRE PIEREN (1887-1938).
Engagé volontaire en 1903, il a gravi tous les échelons : caporal en 1905, sergent en 1907, sous-lieutenant en 1911, capitaine-commandant en 1917.

Sous les ordre du général TOMBEUR, il participa à la campagne anglo-belge de conquête de l’Afrique Orientale Allemande. A la tête de 5.000 hommes, il commande la brigade nord et prend la ville de Tabora.

En 1922, il est nommé commissaire-adjoint à la Commission de délimitation des territoires mis sous tutelle.

Il était également professeur de topographie à l’Ecole Coloniale.