Lettre 19




Shangugu, le 20 mars 1929

                        Ma bien chère mother,

Merci de ta bonne longue lettre du 27 janvier, reçue il y a quelques jours.

J’ai été bien heureux d’avoir de rassurantes nouvelles sur la santé de notre chère Tensette.
Les détails sur son triste accident m’ont bien intéressé, c’est réellement un malheur incompréhensible. Je tremble à l’idée que la pauvre petite aurait pu être encore en Afrique, loin des siens et sans les soins si assidus et si affectueux qu’elle a reçus.
Je me figure aisément, par la tristesse et l’anxiété que j’ai éprouvés, quels tristes journées toi-même et papa avez dû passer. Mais il est superflu de regretter trop ce petit ange qui n’a pas vécu et maintenant que Tensette est bien, il n’y a plus, j’espère, qu’un mauvais souvenir et on peut envisager l’avenir avec confiance.
La tragique mort de Jean a certes été un malheureux événement, mais cependant providentiel. Dieu arrange souvent les choses d’une façon terrible et pour nous incompréhensible.
Veuille-t-Il donner maintenant la paix et le bonheur à tous.
Je souhaite que Nic. se plaise dans ses nouvelles occupations. Tensette sera-t-elle bientôt en état de s’occuper de son nouveau home ? Elle désirait tant un petit chez soi fixe ;..
La petite Alice laissera un grand vide rue Léon Mignon, mais sans doute y reviendra-t-elle souvent avec sa gentille maman … Puis il y a Marie qui se charge de remplir les vides !!
Quant à la mentalité de Madame Laurenty, il vaut mieux hausser les épaules ; cela ne mérite pas de s’y attarder.
Merci du souvenir de notre regrettée bonne-maman. Les citations en sont très belles. Voilà le 12 janvier une date doublement triste. Les nouvelles que tu me donnes de tout et tous me font bien plaisir.
Voilà Luce une grande jeune fille, je suis content qu’elle te rende tant de services … chacune son tour. Te restera-t-elle un peu plus que ses aînées ??

Je suis depuis quelques jours à Shangugu. J’y ai rencontré à l’improviste le major Hoier, qui revenait du Sud, qu’il a momentanément abandonné à cause des difficultés avec les indigènes de là-bas et le manque de soldats. Nous laisserons ce morceau difficile pour plus tard, quand nous aurons une escorte suffisante : nous attendons 50 hommes.
Nous avons fait ici quelques calculs urgents et partons tous trois (avec le nouveau M. Hermans) chacun de notre côté : le major à l’est du lac Kivu, Hermans à l’est (il va tâcher de tirer son plan) et moi au milieu : Ile Idjwi. Nous nous retrouverons à Kisenyi dans environ un mois.

Ma chère mother, encore merci de ta bonne lettre ; J’écrirai plus longuement d’Idjwi.
Voici 3 photos prises par Hermans. Mille affectueux baisers à tous, grands et petits, aussi à tante Maria et à Heusy.
Je t’embrasse bien tendrement ainsi que papa,

                        Léon



Et si on chantait ?
Felix Mayol – A la cabane Bambou

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