S.S. Général Voyron
En mer
Bien chers papa et mother
Nous voguons … le voyage s’annonce très bien. La mer est fort calme et le bateau aussi, nous approchons de Port Saïd … déjà !
A Paris, comme je l’ai écrit de Marseille, je suis arrivé à 13h, puis suis allé faire visite à Madame Laurenty (belle-mère de sa soeur Hortense). Elle allait très bien et n’avait pas de nouvelles spéciales de Tensette (sa sœur), Nicolas (son beau-frère) et bébé (Alice Laurenty) . J’ai rencontré là-bas le docteur Duyck, il ne compte plus retourner en Afrique et pense à se marier et s’installer en Normandie et, en attendant, concourt pour le prix de l’Académie de Médecine. Nous sommes allés voir Jean qui est installé magnifiquement à présent dans de vastes bureaux et magasins. C’est bien, mais c’est un fameux capital à amortir !
Il ne change pas et a l’air fort usé ; à 40 ans, ce sera un vieillard, s’il tient jusque là.
Le soir, j’ai soupé avec Duyck, un docteur français et sa dame que nous avions connus à bord d’ Azay le Rideau , très gentils tous les deux.
Ils me conduisirent à la gare. Le train de nuit ne fut pas des plus amusants, avec de vieux anglais comme compagnons de route.
A Marseille, je suis descendu à l’hôtel Splendide , très chic où ma chambre était retenue. Aucune difficulté pour mes bagages. Le soir, j’ai, par hasard, rencontré la dame d’un capitaine qui était à bord d’Azay le Rideau.
Le lendemain, en m’embarquant vers 2h, j’ai vu plusieurs marseillais qui avaient aussi voyagé à bord d’Azay le Rideau et étaient en visite sur le Général Voyron. Ils m’ont présenté aux officiers de bord et à quelques passagers.
Ainsi, tant à Paris qu’à Marseille, je n’ai pas été seul au départ.
J’ai fait de suite connaissance avec 3 belges voyageant en 1ère classe : un agent de l’ Interfina, allant au Kivu, un ancien commandant de la Force Publique et des Grenadiers allant à Usumbura ( Usa ) , un ancien agent de l’état et de Sumatra (où il a connu Walter de Creeft – cousin sous-germain de L.H.) et qui partage ma cabine.
Il y a aussi deux belges en seconde dont un était aussi à bord d’Azay le Rideau, un comptable de la Gécamines.
On attend à Port Saïd, l’architecte Jaspar (Ernest) pour les grands hôtels du Kivu ! Tout ce monde va à Usumbura ( Usa ) , tout au moins à Kigoma.
Je ne serai donc pas seul !
Il y a en plus quelques français fort sympathiques, 2 sous-lieutenants et un lieutenant mariés, des missionnaires, des mauriciens, des anglais peu amusants, assez bien d’enfants et beaucoup de vieilles personnes ……..(illisible)
Nous avons de la musique, phonos, piano, clarinette, violon …… pour amateurs, mais trop peu de danseuses. On joue beaucoup aux cartes surtout ……
La nourriture est très bonne. Ma cabine …. mauvaise, pas de hublot, rien qu’un ventilateur donnant sur le pont, jusqu’ici pas gros inconvénient : il ne fait pas chaud, mais plus tard … la mer est magnifique, très calme, temps splendide, bref bonne traversée, mais peu d’entrain, trop calme à bord.
( il manque une suite ???)
Pour tous les cousins! L’un(e) d’entre vous sait-il/elle pourquoi Léon Haulet appelait Irma Magis « mother »: était-ce dû à leur séjour en Angleterre en 14-18 ou en souvenir de sa maman décédée après l’accouchement de Tensette?
Charles, je me pose la même question !
Par ailleurs, dans un écrit de l’oncle Charles (l’abbé) que tu m’as transmis , je vois qu’il appelle sa mère « Mummy » !
Ils n’étaient pas un peu snobs nos tontons ?!?
Philippe
Bonjour à tous!
Ai, peut-être, découvert un début de réponse: dans son livre, Premier sang, Amélie Nothomb parle de son père Patrick Nothomb, né en 1936, ainsi que de sa grand-mère paternelle : » La mode était à l’anglicisme « ( page 18 ) et » Maman ( sa grand-mère) prononçait tous les prénoms à l’anglaise et appelait ses parents Mommy et Daddy » ( page 19 ).
Charly
Bien vu !
Sans oublier que la famille a vécu 4 ans en Angleterre, de février 1915 à février 1919.
Voir https://haulet.be/gen/exil-en-angleterre/
En ce qui concerne Patrick Nothomb, à signaler son très intéressant livre relatant la prise d’otage à Stanleyville en 1964. Tout jeune diplomate, il s’y révéla d’un courage et d’une lucidité incroyables. A lire absolument !
« Dans Stanleyville » Duculot EAN : 9782801110546