Les sept de tervuren


Faisant suite au commentaire adressé par Michel Selezneff à l'info-lettre du 26 août 2023 relative aux vidéos placées sur le site et plus particulièrement à la vidéo de 1897 "Boma-Tervuren - Le voyage - Documentaire sur l'exposition coloniale de Tervuren 1897", voici ce commentaire enrichi d'autres observations, photographies et plans.
Boma-Tervuren - le voyage.mp4

Sur les 184 vidéos postées, je n’ai encore pu visionner que les quatre premières !

Un témoignage m’a fortement surpris et que je n’avais pas encore lu, celui prétendant que les 7 congolais décédés à Tervuren lors de l’exposition de 1897 auraient été « rapidement enterrés dans une fosse commune dans les bois de Tervuren aux côtés des démunis, des nécessiteux, des prostituées et des malades mentaux.  Une dizaine d’années plus tard, leurs corps sont déterrés et ré-enterrés dans la cour de l’église catholique Saint-Jean l’Évangéliste de Tervuren. »
https://www.jambonews.net/actualites/20131104-1er-novembre-2013-hommage-aux-congolais-morts-pendant-lexposition-universelle-de-1897/ 

Aussi sur le Net, une version semblable bien que légèrement différente prétend que « Il faudra attendre 1950 pour que les morts de Tervuren se voient attribuer sept tombes. Piètre « réparation » pour des hommes qui ont été « parqués comme des animaux dans un concours », comme le rapporte un article du Patriote illustré daté du 4 juillet 1897. » https://www.lemonde.fr/archives/article/2002/03/16/les-sept-morts-de-tervuren_4206537_1819218.html

L'appellation "fosse commune" est devenue dépréciative et est souvent remplacée par l'expression "carré des indigents". En effet, l'inhumation en ces terres est prévue pour les personnes sans domicile fixe, sans familles, sans ressources suffisantes ou encore non réclamées à l'institut médico-légal. Le qualification d'"infâme" d'une telle situation est par extension due au statut de la plupart des personnes ainsi enterrées, statut non conforme à la bonne société bourgeoise et croyante de l'époque.
En France, depuis 1991, l'appellation officielle est "division à caveaux de terrain commun" abrégée en "terre commune".
En Belgique, les communes délèguent à une entreprise de pompes funèbres le soin de procéder à l'inhumation. Il faut reconnaître que ces entreprises, trop souvent, bâclent leur mission. 
https://www.rtbf.be/article/qu-arrive-t-il-aux-personnes-qui-n-ont-pas-d-argent-ou-de-famille-pour-leur-enterrement-9926319

J’habite non loin de Tervuren et me suis déjà rendu à plusieurs reprises sur les tombes congolaises ; elles sont alignées le long du mur nord de l’église Sint-Jan Evangeliskerk (St-Jean l’Evangéliste). Cette église ayant été bâtie en 1779, la pelouse qui l’entoure, comme dans tous villages, était le cimetière.

A gauche les 7 tombes, à droite l’ancien emplacement le long des maisons

Pour preuve, un vingtaines de tombes sont restées en place dont celles des comtes de Stolberg-Wernigerode (château au pied du Harz en Allemagne), XIXè s.. Les tombes indiquent des dates de sépultures s’étalant entre 1882 et 1915. 

Les panneaux près des tombes congolaises renseignent les visiteurs avec appui de photos, précisant que les défunts ont bien été enterrés individuellement à leur décès à une vingtaine de mètres de l’église, en terre « profane », et qu’en fin 1940 les tombes ont été déplacées le long du mur de l’église. La commémoration eut lieu en présence de M. P-H Spaak et autres représentants belges et congolais … Une photo de 1930 montre une visite de membres de la Force publique venus rendre hommage aux défunts de 1897. Les tombes sont encore à leur emplacement original, soit à une vingtaine de mètres de l’église …

En 2017, dans le cadre de la rénovation de l'AfricaMuseum, la commune de Tervuren a fait rénover les tombes des sept congolais décédés en 1897.
Dans le film "Boma-Tervuren - Le voyage Documentaire sur l'exposition coloniale de Tervuren 1897", mentionné plus haut, on peut voir une cérémonie de prélèvement de terres par une délégation congolaise et le tranfert de celles-çi sur sol congolais en décembre 1998 (voir à partir de 44m 32s et 47m 38s).

S’il faut en croire les détracteurs du colonialisme ou de Léopold II qui prétendent que ces sept malheureux congolais auraient été enterrés rapidement dans une fosse commune dans la forêt de Tervuren, il faudrait qu’ils m’expliquent comment aurait-on pu identifier les restes des dépouilles/squelettes lors d’une exhumation au milieu d’une fosse commune, qui aurait eu lieu une dizaine d’années ou mieux encore, plus de 50 ans après leurs funérailles … !?

Michel Selezneff                                


Ils s'appelaient Sambo, Mpeia, Ngemba, Ekia, Nzau, Kitukwa et Mibange et faisaient partie des 267 congolais exposés à Tervuren en 1897 dans ce qui a été qualifié de "zoo humain".
Les "zoos humains" étaient en vogue fin du 19ème et début du 20ème. Entre 1851 et 1931, il y eut à Paris pas moins de 11 expositions de ce genre et aussi une à Angers en 1906. En Belgique, 10 furent organisées entre 1885 et 1958 à Anvers, Bruxelles, Charleroi Liège et Gand. 13 pays europééens, 15 villes américaines, L'Afrique du Sud, l'Australie, la Corée, l'Inde, l'Indonésie, le Japon, Taïwan et le Vietnam exhibèrent aussi des "zoos humains".
Tout récemment, un village africain a été ouvert dans le zoo d'Augsbourg en Allemagne en juillet 2005. (https://www.afrik.com/african-village-les-zoos-humains-de-retour-en-allemagne)

https://www.africamuseum.be/fr/discover/history_articles/the_human_zoo_of_tervuren_1897
https://vimeo.com/263375448

Pour en savoir plus : https://achac.com/programme/racisme-et-zoos-humains/expositions#ancre1403expo

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