Nyamirundi, le 1er mars, terminée le 5 mars.
Mon cher papa, ma chère mother,
Il y a longtemps que je veux vous écrire une longue lettre avec quelques détails sur mes pérégrinations dans le Kivu ; depuis nouvel an, je ne me souviens pas d’avoir écrit ni bien longuement, ni bien fréquemment.
Après avoir vu le major à la mission de Nyagezi, entre Noël et Nouvel An, je suis allé construire un signal sur un sommet isolé et formidable, côté Kivu, chez les Banyabongo.
Espérant pouvoir y mesurer, j’avais campé au sommet, dans une petite salle ??? (illisible). La nuit, arrivent un orage et des pluies torrentielles pendant plusieurs heures – les rigoles de ma tente débordent et inondation !
Je ne m’en suis aperçu que le matin, en me réveillant la tête lourde à cause de l’humidité … en voulant sortir de mon lit, je vois mes pantoufles flottant à l’entrée de la tente – la carpette avait reçu l’eau par au-dessus et, étant imperméable (l’ayant été du moins), retenait l’eau : il y avait 20 cm ! Plusieurs de mes malles ayant des petits trous, l’eau s’y était infiltrée, de même que dans la plupart des caisses … et pour comble, les nuages n’ont pas quitté la montagne ce jour-là et rien n’a pu sécher que le lendemain. Sale sommet ! Il n’y a pas de bois dans la région, pas du tout – mes gens avaient dû se faire de misérables huttes, rien qu’avec des herbes ; comme bois à brûler, les indigènes emploient des fougères séchées et des tiges de papyrus … parfois, ils apportaient quelques vieux bambous arrachés à leurs huttes et venant de la forêt – à plusieurs jours de là.
Le signal fut terminé, heureusement, en 3 jours et c’était bien car, mâts, traverses, cordes et herbes devaient être cherchés à plusieurs heures de là. Mais, il ne faisait pas clair et je dus descendre du sommet, regrettant bien d’avoir campé en haut. Ce sommet n’a pas même 2600 m, mais étant tout à fait isolé et fin d’une crête, il accroche tous les nuages, reçoit toutes les draches et tous les coups de foudre passant à proximité – ce n’est d’ailleurs qu’une masse de fer : ça se nomme Bisunzu.