
En route, le 28 octobre 1929.
Ma bien chère mother,
Ton affectueuse et longue lettre de fin août m’a causé un bien vif plaisir. Ne t’excuse pas du style qui, d’ailleurs, est très bien ! Tu sais combien j’aime tes lettres qui me parlent de si agréable façon de tout et de tous : tu passes « en revue » toute la famille et les connaissances et tu me contes les petits détails de la vie de « chez nous » et j’ai l’impression d’un long bavardage avec toi – rien ne m’est plus agréable. Surtout que les nouvelles sont bonnes !
Je suis si content de savoir que les vacances furent si réussies – il me semble que vous avez la spécialité de dénicher les « petits coins » bien tranquilles, bien propres et où l’on fait bonne chaire !
Avec le temps que vous avez eu, toute la bande n’aura pas eu le temps de s’ennuyer ! et je suis certain que cela t’aura fait plaisir de revoir un peu toute la famille.
J’espère que ces courtes vacances auront bien profité à tous, surtout à toi-même et à papa … l’ai salin n’a-t-il pas fait un peu maigrir tante Luce? Et l’oncle Maurice a-t-il pris de nombreux bains ? Le pauvre oncle Fernand a-t-il pu fumer quelques cigares ?
Voilà donc les querelles intestines rallumées chez les de Creeft – Fernand va faire des démarches pour être nommé marquis … et Adrien baron, ces titres leur iraient respectivement très bien ; du coup, les Peerois en feraient une maladie ! qu’ils n’auraient pas volée, en effet, singuliers procédés. Je n’ai plus eu de nouvelles de Loulou et ne savais pas qu’il était au pays – que va-t-il faire maintenant ? Voilà donc les vœux de Julia comblés – j’ai reçu un faire-part.



