Lettre 6




Mushubahi, le 11 avril 28.                                      
St Léon !                                      


Ma bien chère Mother,                                                                                                                                                          

J’ai écrit à papa le 8, jour de Pâques et fête du Roi … et quoique c’est sa fête aujourd’hui, c’est à toi que j’envoie un petit mot pour te remercier de ton affectueuse lettre du 13/2 et aussi pour prouver que je suis en pensée au milieu de vous en ce jour de fête.

Le deuil de la chère bonne maman vient, cette année, attrister bien fort ces fêtes de famille et surtout tante Luce (tante maternelle) doit se trouver bien seule. Heureusement, comme tu le dis, nous avons la consolation de savoir qu’après son heureuse vieillesse, elle repose maintenant dans l’éternité bienheureuse. Je ne l’oublie pas dans mes prières et je suis persuadé que Là-Haut, où elle a retrouvé ma chère maman et bonne maman Haulet, elle intercède pour moi auprès de Dieu.

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Lettre 5






Lac Kivu, Mushao. Pâques 1928

                                       Mon bien cher papa,

Merci de tout cœur à maman et à toi pour vos affectueuses missives. J’ai reçu en même temps les deux lettres et ta carte du 3/2.
J’ai été bien peiné d’apprendre le pauvre état de santé de mother et j’espère bien que le prochain courrier me rassurera, quoique tu me dises que ce n’est rien de grave.
De Tensette, plus de nouvelles depuis la première lettre reçue ici ; je suppose qu’elle attendait un mot de moi et que je recevrai une lettre par prochain courrier avec de bonnes nouvelles de maman et bébé. Évidemment, il est plus difficile d’élever un bébé sous les tropiques qu’en Europe ;.. mais tous les bébés ont leurs petites indispositions, je suppose que le gros bébé qu’est Alice se tirera très vite des petits malaises qu’elle a eus.

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Lettre 4




Rusengese, le 25 mars 1928.



                                    Mon cher papa, ma chère mother,

Je suis sur une copette ( sommet, cime en wallon liégeois ) entourée de nuages, il pleut et il vente ; au hasard des idées, je vais un peu bavarder avec vous, racontant pêle-mêle des nouvelles des T.O. peu intéressantes peut-être, mais les seules que je connaisse.

Je ne pense pas vous avoir écrit longuement depuis mon arrivée à Usa – commençons par là. Je fus reçu là-bas par le brave administrateur Coulon, dont j’ai souvent parlé (et qui rentre fin de terme et de carrière) et par le commandant des troupes T.O. Duvivier (ancien de Kigali).
A Usa, on se déplace en moto ou en auto … en moto donc on me conduit chez le Lieutenant Colonel Pieren, ex-chef de Mission de Délimitation et maintenant, directeur de société commerciale et minière. Je fus très bien reçu et fus heureux de retrouver Black, le vieux chien de Vandenberg, oublié à Albertville et recueilli par des amis …

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Lettre 3




                              Muramvya, 29 février 28


                    Mon bien cher papa,

Me voilà en route. Je suis resté quelques jours à Usumbura pour les courses, visites officielles, etc.. J’ai retrouvé pas mal de vieilles connaissances dont le Lieutenant Colonel Pieren chez qui j’ai logé et pris mes repas en dehors des autres invitations.

Le 20, je suis grimpé à Bagatelle, notre camp de base pour organiser ma caravane et prendre ce dont j’avais besoin. Le chef d’escorte avait sa femme nouvellement accouchée à l’hôpital d’Usumbura et faisait la navette, ce qui m’a retardé.

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Lettre 2





Dar-es-Salam, le 8 février 1928


                                       Mon cher papa, ma chère mother,

Me voici à Dar-Es-Salaam. C’est un four en cette saison. Nous avons débarqué avant hier, tout s’est bien passé ; nous avons évité le débarquement à Zanzibar qui n’avait rien d’agréable, car nous aurions dû y séjourner jusque vendredi prochain en attendant le petit steamer qui fait le voyage en six heures Zanzibar – Dar-Es-Salaam, et ce, dans un hôtel peu confortable.

Ici, l’hôtel est bien, mais on ne sait où se fourrer pour ne pas mijoter dans son jus … la nuit surtout est insupportable, on ne s’endort qu’au matin.

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Lettre 1




S.S. Général Voyron
En mer

Bien chers papa et mother

Nous voguons … le voyage s’annonce très bien. La mer est fort calme et le bateau aussi, nous approchons de Port Saïd … déjà !

A Paris, comme je l’ai écrit de Marseille, je suis arrivé à 13h, puis suis allé faire visite à Madame Laurenty (belle-mère de sa soeur Hortense). Elle allait très bien et n’avait pas de nouvelles spéciales de Tensette (sa sœur), Nicolas (son beau-frère) et bébé (Alice Laurenty) . J’ai rencontré là-bas le docteur Duyck, il ne compte plus retourner en Afrique et pense à se marier et s’installer en Normandie et, en attendant, concourt pour le prix de l’Académie de Médecine. Nous sommes allés voir Jean qui est installé magnifiquement à présent dans de vastes bureaux et magasins. C’est bien, mais c’est un fameux capital à amortir !

Il ne change pas et a l’air fort usé ; à 40 ans, ce sera un vieillard, s’il tient jusque là.

Le soir, j’ai soupé avec Duyck, un docteur français et sa dame que nous avions connus à bord d’ Azay le Rideau , très gentils tous les deux.

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L’abbé Achille-Léon Salée (1883-1932) arrive au Rwanda en 1921 en tant qu’adjoint du géologue Fernand Delhaye. Leurs explorations faillirent tourner au drame puisque en juin 1922, ils furent attaqués par des indigènes (qu’ils venaient subitement de déranger dans leurs cérémonies tribales).
F. Delhaye eut un poumon perforé par une lance et ne dut son salut qu’à l’intervention de l’abbé Salée.

C’est accompagné d’une escorte militaire que Salée poursuivit le levé du nord-Rwanda. La mission Delhaye-Salée déboucha sur la publication de «La carte géologique du Rwanda-Urundi» au 1.200.000e.

Une nouvelle mission l’envoya en 1928, consacrée au levé des territoires du Comite National du Kivu.

Il était également professeur de paléontologie, anthropologie et de géologie à l’Université de Louvain.
Il a laissé une abondante littérature scientifique dont un mémoire sur la géologie du Rwanda. C’est sans doute, entre-autres, ce document qui a intéressé Léon et le major Hoier.

Post-mortem, un volcan au nord du Lac Kivu fut baptisé «Volcan Salée».

A Spa, sa ville natale, la place de l’église porte le nom de «place chanoine Achille Salée».