Lettre 35




Le texte qui suit n’est pas vraiment une lettre de Léon à ses parents mais plutôt une sorte de carnet de voyage où il revient sur son activité récente, déjà mentionnée plus succinctement dans les dernières lettres.

Quelques détails sur mes pérégrinations depuis un mois.
J’ai quitté Masisi pour Rutshuru en passant par les lacs Mokoto – j’avais à construire un signal et à reconnaître le pays par là.

Bien que la majorité des noms de lieux, rivières cités par Léon ne sont pas repérables sur les diverses cartes procurées par Google, voici, approximativement le trajet décrit dans cette 35e lettre.

Du triste poste de Masisi jusqu’aux lacs Mokoto, la route est longue et mauvaise. On suit d’abord la route allant à Pinga, qui se confond avec celle de Sake pendant une étape, puis on oblique vers le nord en longeant la vallée de la Loashi. Cette partie n’est pas trop dure, mais est fort mauvaise en raison des pluies : on est tout le temps dans la boue. Plusieurs fois par étape, le pauvre Philibert s’enfonçait dans la vase jusqu’à mi-ventre – il fallait alors le hisser dehors en le tirant par la queue et par les oreilles ! et en lui tassant des matiti en-dessous des pattes pour qu’il puisse sortir de ce mauvais pas ; les multiples petites rivières coulant dans la boue n’avaient pas de pont ou, ce qui est pis, que quelques mauvais sticks sur lesquels les hommes passaient en équilibre – c’était chaque fois un drame que de faire passer Philibert – depuis qu’il est passé au travers de plusieurs ponts et une fois resté suspendu par 2 pattes au-dessus d’un ravin … il se méfie. Enfin, on est passé – le pauvre Philibert résigné, ou presque, s’habituait aux bains de boue …
A la 3ème étape, on passe au futur emplacement du poste de Masisi qui doit être déplacé. C’est au confluent de la Loashi et d’une petite rivière la Maizi. Encore boue, humidité et matiti – passage d’éléphants aussi – bref, sale patelin, mais l’accès sera plus facile que maintenant et le poste ressemblera un peu moins à une prison. Il y a un groupe de villages assez importants à proximité … après, le désert jusqu’au passage de la Loashi … la rivière a pris de l’importance et le courant est rapide, on passe sur un pont suspendu (pont de singes ou à lianes) et Philibert a dû être jeté à l’eau et halé avec une corde car il ne voulait rien savoir du pont qui se balance à 5 m au-dessus de l’eau !… Le lendemain, même comédie pour le passage d’une autre rivière importante la Loso, après quelques nouveaux malheurs dans la boue … Inutile de dire qu’il n’était pas question pour Philibert de me porter, il avait assez de mal de s’en tirer seul !

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Lettre 34

Camp de Birindi, lez Cos’ville, le 1.09.30


Ma bien chère Mother,

Combien heureux je suis d’avoir des détails sur les fêtes de l’ordination de notre cher Charles ; et combien je regrette d’avoir manqué ces émouvantes cérémonies et ces réconfortantes journées que tu me décris. L’admirable liturgie de l’ordination – la première bénédiction d’un jeune prêtre à ses parents et aux siens – l’émouvante simplicité de sa première messe en famille – et la grandiose beauté de sa première messe solennelle – après cela, la réunion de famille, les discours émus, la joie et la fierté de tous, la reconnaissance du jeune prêtre envers ses parents et celle de tous envers Dieu ; tout cela, j’ai voulu me le figurer – tout cela crée une atmosphère dans laquelle pour mon plus grand plaisir et pour le plus grand bien de mon âme, j’aurais voulu vivre quelques jours avec vous.

Je suis certain que, pour tous, ce furent des journées inoubliables et réconfortantes et que, particulièrement pour toi, ma chère mother, et pour mon cher papa, ce furent des jours pleins de sainte émotion et de douce consolation.

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Lettre 33




Gugo, puis Rugari le 26/3/30.

                             Mon bien cher papa,

Un petit bonjour par ce courrier ! Le courrier, c’est tous les 15 jours, le bateau de Bukavu à Kisenyi – jusque Kisenyi tout va bien – après, c’est plus aléatoire …
L’avant dernier courrier, on m’annonçait du ravitaillement – toute une série de caisses de vivres, vin, etc… du numéraire – tout un bazar ! J’avais besoin de tout, revenant des Mokoto où j’avais épuisé mes provisions … j’ai attendu 15 jours – à la fin, j’étais à bout de résistance ! J’avais déjà dû mendier un peu de farine et de sucre aux pères de la mission de Rugari ! J’ai demandé à l’administrateur de Kisenyi, un camarade du temps de Kigali, de m’envoyer des porteurs, ce qu’il a heureusement fait !

Le courrier … ? Le bateau est arrivé il y a dix jours à Kisenyi … j’attends toujours ; je n’ai même pas encore reçu mes lettres.
Or, un porteur fait facilement le trajet en deux jours … oui mais, à cause de la route ? automobile ? le portage est supprimé et interdit ; on doit avoir recours aux camions … et les camions ! d’abord il y en a fort peu ; la route est fort mauvaise, terrible par ces temps de pluie, et les camions ne voyagent pas souvent .. et encore faut-il voir si Messieurs les transporteurs veulent bien se charger de vos caisses… surtout lorsque ce n’est qu’une caisse ou deux, pour 40 km (au lieu de 80 km – trajet Rutshuru – Kisenyi) ils trouvent cela peu intéressant … alors, l’homme à moi qui surveille la route … regarde toujours et ne voit rien venir …

Lorsqu’on est en pleine brousse, on ne pense pas au courrier – pas à quelques jours près ! et on prend ses précautions pour le reste … mais je mesure à une série de signaux de part et d’autre de la route Kisenyi-Rutshuru et c’est bisquant d’être si près et de ne rien recevoir … Enfin, cela finira par arriver. Regrettons le temps des porteurs – l’Afrique à moitié civilisée ne me dit rien – rien de bon – A tous points de vue, vive la brousse … ou l’Europe !

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Lettre 32




Gisi, le 11 mars 30.

                             Ma bien chère mother,

Que tes longues lettres me font plaisir et m’intéressent dans leurs moindres détails ! Mille fois merci pour celle du 12 janvier.
Merci aussi de tout cœur de ce que tu me dis au sujet de mon retour projeté pour l’ordination de Charles et pour le 25ème anniversaire. J’en parle dans ma lettre d’avant hier à papa.
Je me demande aussi où Charles sera envoyé – peut-être devra-t-il faire du professorat ? Cela lui irait-il ?

Maurice semble bien lancé comme journaliste et joyeux étudiant – mais aussi bien décidé à passer les deux épreuves qui l’attendent.
Quant à Albert, s’il étudie bien, c’est le principal – un concours en mathématiques peut fort bien réserver de vilaines surprises … et, en flamand – nous n’avons rien hérité des de Creeft à ce point de vue ! et les de Creeft eux-mêmes …

Tensette m’a écrit longuement – elle semble très heureuse, fort occupée de Lilice, sa petite poupée … et contente d’avoir moins d’ennuis de sujet. Elle comprend sans doute mieux Nic que nous … par exemple : les affaires marchent tellement bien qu’on pourrait y laisser un gérant – mais d’abord elles le prennent de 7h du matin à 7h du soir et ensuite, il n’a jamais le sou ! Moi, je ne comprend pas ; il est vrai qu’en affaires, je n’y vois rien. Qu’il regrette l’Afrique, c’est fort naturel – on regrette toujours ce que l’on n’a plus et puis, comme Tensette dit si bien « Paris ce n’est pas son idée » – il n’a pas choisi la situation qu’il a, donc ça ne lui plaît pas. Enfin, si Tensette est heureuse, c’est le principal et si elle pouvait grossir un peu, ce serait parfait. Ne jamais désespérer sur ce point … voyez tante Luce !

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Lettre 31




Le 6/03/30

                             Mon cher papa,

Me voici sur la colline Musego ou « l’oreiller » – cela ne ressemble d’ailleurs que fort vaguement à un oreiller ! et l’oreiller est trempé … car il pleut ces temps-ci de belle façon ! A part cela, tout va très bien chez moi ! Il n’en est hélas pas de même chez mon collège Hermans qui se trouve encore aux Mokoto et qui a des ennuis avec ses boys, ses soldats, tout son personnel et surtout ses porteurs … enfin, il ne lui reste guère de travail là-bas et j’espère que dans une bonne quinzaine, il me rejoindra à Rutshuru ou un peu plus tard à Kisenyi.

Je viens de passer deux jours à la mission de Rugari où je deviens un habitué ! peut-être pourrais-je y retourner pour Pâques – sinon, je serai un peu plus tard à la mission de Nyondo, près de Kisenyi où je dois passer pour gagner un sommet là-bas.

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Lettre 30




Bilindi, le 1/02/30

                             Mon bien cher papa,


Merci de ton aimable mot ajouté à la lettre de Luce et de la carte collective du jour de la St.-Nicolas que je reçois à l’instant.
Je suis heureux de savoir tout le monde, petits et grands, contents et bien portants ; tout le monde, sauf toi pourtant.
Tu me rassures bien et je crois aisément que ce n’est rien de grave, mais il ne faudrait pas non plus traiter à la légère cet affaiblissement général.
Que tu perdes quelques dents et même un peu de tes forces de vingt ans, cela n’a rien que de très naturel après la vie si active et si pleine de soucis que tu mènes depuis pas mal d’années en somme. Ce sont des petits signes qui te rappellent, moins agréablement, hélas, que tes petits enfants, que tu es grand-papa .

Il n’y a pas de quoi s’effrayer et j’aime à croire que ton moral n’en est pas atteint. Seulement, il faut absolument que tu te ménages et que tu te soignes et cela me rend un peu inquiet, même un peu beaucoup, car j’ai bien peur que tu ne sauras pas assez brider ton inlassable activité et que tu ne prendras pas assez de repos.
Je prie Dieu, mon cher papa, pour que les prochains courriers puissent me donner de toi, comme de tous, de tout à fait bonnes nouvelles.
J’espère que le printemps qui vient t’aura vite rendu (si pas toutes tes dents !) du moins toutes tes forces.

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Lettre 29




1929 Noël à Nouvel An 1930

                             Mon bien cher papa,


Le dernier courrier m’a apporté la lettre de Lucie, une de Suzanne avec un mot d’oncle Maurice et un de tante Luce et une lettre d’oncle Fernand – encore, une longue lettre du chanoine Lenssen …
Merci à Lucie et à Didine de leurs bonnes lettres ; j’y répondrai très bientôt et merci à tous de leurs affectueux souhaits.
Merci des tiens, mon cher papa, et de ton petit mot. J’espère que mes vœux ne seront pas arrivés trop en retard et que les fêtes de Noël et Nouvel An se seront fort bien passées.
Je suis bien triste d’apprendre par toutes les lettres que ta santé laisse beaucoup à désirer et je souhaite de tout cœur que les prochains courriers puissent m’apporter de meilleures nouvelles de toi.
Soigne toi bien, mon cher papa, et prend du repos coûte que coûte puisque tu en as besoin.
Je sais bien que c’est plus facile à dire qu’à faire et qu’il y a des tas d’objections et des tas d’obstacles – mais il le faut absolument – tu vois bien que cela t’a fort mal réussi de prendre si peu de vacances l’été passé. « Du courage et de la patience » tu en as toujours eus – et aussi « de la bonne nourriture » ! c’est du repos que tu n’as pas.

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Lettre 28




Masisi, le 24 novembre 29.

                             Mon bien cher papa, Ma bien chère mother,


L’année touche à sa fin déjà – son début fut bien triste et elle nous a apporté bien des peines et bien des soucis avant de nous donner quelques joies. Dieu veuille que 1930 soit complètement heureuse.
Je vous envoie, mon cher papa et ma chère maman, mes vœux les plus fervents et les plus tendres pour cette année nouvelle. Dieu veuille vous donner, avec la santé, toutes ses bénédictions et réaliser toutes vos espérances et tous vos désirs.
1930 s’annonce bien belle – pleine de réjouissances et d’événements.
Puisse ces événements être tous heureux et puissions nous célébrer toutes les fêtes attendues dans la joie et sans arrière-pensées.

Comme événements, il y a la fin des humanités d’Albert et ses décisions pour l’avenir, l’important examen de Nite et son admission à l’armée … d’autres encore certes, prévus ou non.
L’ordination de Charles est, à la fois, un événement et une fête unique et combien importante !
Avec cela, les fêtes nationales et les expositions qui vont mettre toute la Belgique en effervescence sur l’air de la Brabançonne.
1930 veut être bien joyeuse – puisse-t-elle l’être complètement.

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Lettre 27




Masisi, le 24/11/1929

                             Mon bien cher papa,

Bien merci pour ton petit mot joint à la lettre de mother du 6 octobre. J’ai été bien triste d’apprendre que tu n’étais pas complètement bien portant et j’espère que tu es bien remis et ne souffres pas de l’hiver. Charles me dit que tu es très sévère pour les autres quand tu juges qu’ils ont besoin de repos, mais que tu ne te ménages pas toi-même. Je crois bien qu’il a un peu raison, mon cher papa, tu devrais ne pas te surmener et tâcher de prendre un peu plus de repos. Il y a, par exemple, des visites à Pierreuse et autres rues du même genre où il faut grimper et la rue et les étages que tu pourrais bien laisser à de plus jeunes.
Maintenant que les plus durs moments sont passés, tu devrais songer à te reposer un peu, au besoin à restreindre ta clientèle.

Oui, il vaut mieux laisser complètement tomber cette histoire avec Nicolas.
C’est déjà assez triste pour Tensette que ses discussions avec sa mère … singulier caractère ; il me semble qu’il lui serait si facile d’éviter tout ces tiraillements …

Voilà que j’ai perdu de vue la St.-Nicolas ! Il est fort tard pour y penser … heureusement, il y a les étrennes ou le père Noël. Veux-tu bien prélever de mon compte 1000 francs pour de petits cadeaux à tous, sans oublier les 3 petits ni les grands-parents !
Merci d’avance de bien vouloir t’occuper de cela.

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Lettre 26




En route, le 11/11/29
Armistice et St.-Martin !

                             Mon bien cher papa,

Mille fois merci de ton gentil mot joint à la lettre de Nite. Je répondrai à celui-ci très prochainement et écrirai aussi plus longuement.

Ce jour, surpris par l’urgence d’envoyer mon courrier à Sake pour l’arrivée du bateau (je m’éloigne vers l’intérieur), je t’envoie seulement un petit bonjour.

Comment va le pauvre oncle Louis ? Dans son état, la mort sera peut-être une délivrance – puisse-t-elle lui être douce. Oui, malgré tous ses torts, nous lui devons trop pour pouvoir l’oublier et j’ai toujours eu, malgré tout, de l’affection pour lui.

La rencontre des Cassidy a dû, en effet, réveiller pas mal de souvenirs et heureusement d’assez agréables – car, s’il n’y avait pas eu la guerre, nous aurions été tout à fait bien à Lancaster ; déjà malgré la guerre, nous n’y étions pas si mal !!
Tu vois quel « grand blanc » tu serais devenu … superintendant d’un County … ou de plusieurs – car, si Dr. Sephton, qui n’avait pas l’air d’un as, est devenu superintendant, quelle gloire attendait le B.L. !
Cependant, nous sommes mieux chez nous … ne trouves-tu pas ?
Les liégeois valent mieux que les anglais – même que les « patients » du County qui sont, peut-être, la partie la plus sympathique de leur population !

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Lettre 25




En route, le 28 octobre 1929.

                       Ma bien chère mother,

Ton affectueuse et longue lettre de fin août m’a causé un bien vif plaisir. Ne t’excuse pas du style qui, d’ailleurs, est très bien ! Tu sais combien j’aime tes lettres qui me parlent de si agréable façon de tout et de tous : tu passes « en revue » toute la famille et les connaissances et tu me contes les petits détails de la vie de « chez nous » et j’ai l’impression d’un long bavardage avec toi – rien ne m’est plus agréable. Surtout que les nouvelles sont bonnes !
Je suis si content de savoir que les vacances furent si réussies – il me semble que vous avez la spécialité de dénicher les « petits coins » bien tranquilles, bien propres et où l’on fait bonne chaire !
Avec le temps que vous avez eu, toute la bande n’aura pas eu le temps de s’ennuyer ! et je suis certain que cela t’aura fait plaisir de revoir un peu toute la famille.
J’espère que ces courtes vacances auront bien profité à tous, surtout à toi-même et à papa … l’ai salin n’a-t-il pas fait un peu maigrir tante Luce? Et l’oncle Maurice a-t-il pris de nombreux bains ? Le pauvre oncle Fernand a-t-il pu fumer quelques cigares ?
Voilà donc les querelles intestines rallumées chez les de Creeft – Fernand va faire des démarches pour être nommé marquis … et Adrien baron, ces titres leur iraient respectivement très bien ; du coup, les Peerois en feraient une maladie ! qu’ils n’auraient pas volée, en effet, singuliers procédés. Je n’ai plus eu de nouvelles de Loulou et ne savais pas qu’il était au pays – que va-t-il faire maintenant ? Voilà donc les vœux de Julia comblés – j’ai reçu un faire-part.

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Il semble que l'expression pima-pima s’adresse à Léon lui-même. Pima en swahili signifie mesurer, ce qui est précisément l'objet de sa mission.
Pima-pima le décrit donc superlativement !


Déja citée à plusieurs reprises par Léon, la société SPEK a livré enfin son secret !
D’après le livre African Acronyms and abbreviations - ED. Bloosbury, SPEK est l’acronyme de Société de Plantations et d’Elevage du Kivu.
Voila voila ! Et pour le dernier pop-up de la correspondance de Léon, en prime une reproduction d'une action SPEK...


La mission des Pères Blancs à Tongres Sainte-Marie (Rugari - Lulenga)

Construite par des Pères Blancs dans les années 20, la mission de Tongres Sainte Marie est au pied du volcan Mikeno (chaîne des Virunga), à mi-chemin entre Goma et Rutshuru.

En 1868, le cardinal Charles-Martial Lavigerie fonde les instituts des Pères Blancs et des Soeurs Blanches. Ils opèrent tout d’abord en Afrique du Nord puis en Afrique noire, en Ouganda dès 1913 puis au Rwanda en 1925.


La chefferie de Bukumu a été créée en 1913 suite à la délimitation entre la partie orientale qui est devenue territoire de Nyiragongo (Rwanda) et la partie occidentale restée au Congo et c’est le Mwami Kayembe Ier Ka Bugunda qui en sera intronisé chef.

Son fils, le Mawami Butitsi Ier (1933-1962) lui succédera puis ce fut une série confuse de régences, d’usurpations et d’assassinats…


Le Mwami Daniel Ndeze Rugabo II (1885-1980) a régné 60 ans sur Rutshuru, chefferie Hutu de Bwisha. Jusqu’en 1951, les zones administratives de Rutshuru, Nyiragongo, Karisimbi et Goma constituent administrativement le territoire des Bahutu.

Il est issu du clan Banyarwanda et Hutu appelé Basigna dont l’ancêtre est Rugabo installé au 17e s dans le Bwisha, chefferie formée par les territoires de Masisi, Walikale et Rutshuru.
Il participa activement à la création du Parc Albert en 1925.
Très riche, chef de délégations à de nombreuses reprises, Il demeure un modèle réussi de la colonisation belge. En 1956, il dirigea le voyage d’études de 16 notables et évolués congolais en Belgique. Il était accompagné entre autres de son fils et d’un commis de la Province Orientale dénommé Lumumba.

Son fils René Ndeze Irivuz’Umwami (1923-2010) lui succéda et s’illustra par ses démêlés avec Mobutu qui n’hésita pas à l’arrêter, l’emprisonner et saisir sa Mercedes 600 (la 1ère au Congo !). Il faut dire que Ndeze avait refusé de lever sa main droite lors d’une cérémonie d’allégeance au Maréchal Mobutu Sese Seko.
Il fut un grand voyageur et un homme d’affaires prospère (Pêcherie de Nyakakoma et la Générale d’Exploitation Forestière du Kivu, GEFORKI ).

Son petit-fils le Mwami Ndeze III Mutarambirwa Dieudonné régna jusqu’à sa mort en 2016.

Son arrière petit-fils le Mwami Ndeze Ndieeyz Françis, intronisé en 2016 après la mort de son père a été accusé en 2019 de mauvaise gestion de sa chefferie de Rutshuru et de détournement de plus de 38.000$ et tout simplement déchu par sa famille.

En 2020 Jean-Baptiste Ndeze Rekaturebe a été intronisé comme nouveau Mwami de la chefferie Bishwa en territoire de Rutsuru.


Le Mwami Ndeze Ier Rugabo II accueillant le Roi BAUDOUIN Ier de Belgique au palais Royal de Rutshuru

Lorsque le Rwanda passa sous tutelle belge en 1916, les belges provoquèrent pas mal de remous en bousculant le droit coutumier du nord Kivu par d'incessants remaniements des "secteurs" et par la transplantation des populations rwandaises (le Rwanda étant surpeuplé et manquant de ressources, le Kivu et le Katanga ayant besoin de main d’œuvre). La mission d’immigration ‘Banyarwanda’ dite commission «Henrard» fut créée à cet effet.
Le Mwami Hunde de Masisi, André Kalinda Mitêetso collabora au départ avec l’autorité en dépit du mic-mac imposé par les belges qui modifèrent continuellement les chefferies et en diminuèrent le nombre drastiquement en plusieurs épisodes.
En 1921, les 22 chefferies Bahunde et Banyanga, «secteurs» belges, furent ramenées à quatre : Bashali, Banyungu, Banyanga et Batembo.
Un an plus tard, il n’en restait plus que deux : le secteur des Bahunde sous la direction du Mawami Kalinda André et celui des Banyanga dirigé par Ngulu Nkumbirwa. Cela fut figé par décret en 1933 puis supprimé par après.
En 1955, le Mwami Kalinda se rendit même à Bruxelles pour réclamer la restitution de sa chefferie.
Tout cela provoqua pas mal de mécontentements surtout chez les Bashali et aura des répercussions pendant bien des années.
En 1960, cela fut examiné par le Conseil du Territoire de Masisi puis par l’Assemblée Provinciale du Kivu dont l’Edit N° 8 scinde la chefferie des Bayungu et recrée celle des Bashali et des Bayungu.
En 1967 nouveau remaniement au profit de la Collectivité Locale des Bahunde avec à sa tête le Mwami Kalinda puis, six mois plus tard, nouveau démembrement…
Cela a contribué grandement à l’exacerbation des conflits dans l’est du Congo, toujours actuels et non résolus.

Il est remarquable que le Mwami André Kalinda vécut tout ces épisodes activement pendant 59 ans !



Nord-Kivu - Contexte historique au conflit dans la province du nord-Kivu, à l’est du Congo _ Jason Stearns.


A l’est de la province du Nord-Kivu, entre le Rwanda et l’Ouganda et dans le parc Albert, Rutshuru est connu pour ses chutes et les sources chaudes proches, les Mayi Ya Moto. May ya moto signifie en swahili «eau chaude».
Ce champ géothermique à 950 mètres d’altitude est caractérisé par des fumerolles et des sources d’eau chaude à moins de 100°C, d’origine volcanique.
Rutshuru est à 27 kms du lac Edouard au Nord et à 38 kilomètres des montagnes des Virunga au sud-est et au centre de la branche occidentale de la vallée du grand rift.

Mayi Ya Moto (Joseph) fut aussi un singe macaque qui eut son heure de gloire au zoo d’Elisabethville dans les années 50. Il avait le sens du spectacle et allumait ses cigarettes comme un grand !
(source : Sang mêlé ou ton fils Léopold par Albert Russo - Ginkgo éditeur)


Le typoye est une espèce de fauteuil suspendu entre deux brancards supportés par des porteurs.
Il est utilisé pour se ménager lors de longs parcours. Un Tipoye bien relayé peut parcourir 30 à 40 kilomètres par jour.
Avec l’amélioration des routes, son usage s’est rapidement raréfié.

Ce mot n'est pas admis au Scrabble, essayez APITOYE ou BIOTYPE...

Pont Algrain de Costermansville, entre la ruzizi et le lac Kivu (1937)

Système de ponts mis au point par l’ingénieur P. Algrain à des fins militaires et coloniales.
Les ponts en bois étaient trop chers, devant être renouvelés tous les 3 ans. D’où la demande de la colonie d’étudier des ponts métalliques, facilement transportables jusqu’à pied d’œuvre.
Les ponts en maçonnerie rencontraient la difficulté d’approvisionnement des matériaux (briques et mortiers ainsi que la nécessité d’études spécifiques à chaque pont et d’une main d’œuvre qualifiée et coûteuse.
Constitué de pièces standard, démontables, ce système de ponts se met en place par voie de lancement des travées et peut se faire en des temps réduits avec une main d’œuvre non qualifiée.
Les premiers ponts sont lancés en 1922 pour le compte de la Régie Industrielle des mines de Kilo-Moto. Ils peuvent atteindre jusqu’à 24 mètres et chaque travée peut supporter un rouleau compresseur de 8 tonnes.

Les modèles suivants furent renforcés et élargis de manière à permettre en 1938 de jeter un pont sur la Nyanorongo d’une longueur de 59 mètres avec une travée unique de 36 mètres capable de supporter 45 tonnes (1938). Les platelages originairement en bois furent par la suite remplacés par des éléments métalliques.


En savoir plus : ALGRAIN, P._Monographie des Materiels Algrain de ponts, de ponceaux et de patelages metalliques - militaires et coloniaux_1944.pdf


Les lacs Mokoto sont quatre lacs situés dans le Parc National Albert, à l’ouest des montagnes des Virunga, dans le nord-kivu..

Voici ce qu’en dit le Guide du voyageur du Congo Belge et Ruanda-Urundi - Infor Congo - 4ème édition 1958 page 287 :
Au nord-ouest du lac Kivu et à l'ouest des plaines de lave formées par le volcan Nyamulagira, mais dans les montagnes bordant le Graben à l'ouest, se trouvent les Mokoto. Ces lacs, au nombre de quatre, sont aux sources de la Mweso, affluent de l'Oso. Situées à quelque 1.700m d'altitude, ces nappes d'eau très décoratives sont parsemées d'îles et scintillent dans un cirque de montagnes de toute beauté dont l'altitude atteint 2.000m. Elles sont la résidence de prédilection des hippopotames. Des collines riveraines, on découvre à l'Est la plaine de lave et toute la chaîne des volcans. Les éléphants se rencontrent en troupeaux dans ces parages, animés également par les ébats des singes, le chimpanzé entre autres, et par le vol d'oiseaux aquatiques. Ces quatre lacs sont: le Ndalaga (de 8 à 16 km de long), le Lukulu, le Mbalukira et le Mbita. On n'y pêche que des poissons de petite taille.


La rue Pierreuse est une des plus vieilles rues de Liège. Début 18ème, elle constituait le point de départ de la route vers Tongres.
Elle commence rue du Palais et monte vers la Citadelle.
Quartier populaire, il est aujourd’hui investi par les écolos et bobos.
La photo ci-dessus date de 1925.

voir : http://users.belgacom.net/claude.warzee/pierreuse/index.htm

Sake est sur le territoire de Masisi au nord-Kivu à l’extrémité nord-est du lac Kivu.
Suite aux coulées de lave des volcans proches Nyamuragira et Nyiragongo, un petit lac s’est formé ainsi qu’une baie de 40 km2 qui n’est plus reliée au lac Kivu que par un canal de 160 mètres.
Depuis 1990, Sake a subi successivement l’afflux de réfugiés rwandais, la fuite des résidents de Goma lors de l’éruption du Nyiragongo en 2002 et des conflits armés depuis 2006 provoquant régulièrement des déplacements massifs de populations et réfugiés
Une brigade d’intervention de l’ONU y stationne depuis 2013.
En 2019, Sake a été atteint par le virus Ebola.